samedi 2 juillet 2016

Assises de la Marne: Sylvain Dromard condamné à 30 ans de réclusion, 18 ans pour Murielle Bonin

Le verdict est tombé à minuit, vendredi, après plus de quatre heures de délibérations. La cour d’assises de la Marne a condamné Sylvain Dromard à 30 ans de réclusion criminelle pour l’assassinat de sa femme Laurence, le 15 juillet 2010 à Saint-Martin d’Ablois. Son ex-maîtresse, Murielle Bonin, a été reconnue coupable de complicité d’assassinat et a été condamnée à 18 ans de réclusion criminelle. À l’annonce du verdict, les deux accusés sont restés impassibles. Chloé, la plus jeune fille de Sylvain Dromard, a fondu en larmes. Quelques instants plus tard, elle est tombée dans les bras de son père tandis que Clarisse, la fille aînée, s’est, à son tour, effondrée.

Perpétuité requise contre Sylvain Dromard

La cinquième journée du procès de Sylvain Dromard et Murielle Bonin avait été consacrée aux plaidoiries des parties civiles et aux réquisitions de l’avocate générale. Cette dernière avait, selon ses propres termes, demandé des « condamnations très sévères » dans ce qu’elle qualifie «  d’affaire hors pair, un crime atroce, hors-norme ». « Les condamnations ne peuvent être identiques pour les deux, a expliqué Deborah Cosson au terme d’un réquisitoire d’une heure trois quarts. L’acte est plus odieux car il a été commis par quelqu’un qui était marié avec la victime depuis plus de 15 ans. L’acte est plus odieux car il a été commis par quelqu’un qui a eu deux enfants avec la victime. Sylvain Dromard nie les faits. Il adapte son discours en fonction de ce qui l’arrange. Il a eu des versions différentes. Il avait parfaitement conscience de ce qu’il faisait. C’est pour toutes ces raisons que je requiers à son encontre la réclusion criminelle à perpétuité. »
Concernant Murielle Bonin, l’avocate générale avait requis 20 ans de réclusion criminelle. Pour Deborah Cosson, la complicité d’assassinat de l’ex-maîtresse de l’accusé principal ne fait en effet aucun doute. « Sur les deux derniers mois, le couple avait en moyenne 26 échanges de SMS ou coup de téléphone par jour avec une moyenne de dix minutes par appel. Il y a eu un pic le 14 juillet, la veille des faits et un arrêt brutal le jour même après 17 h 41 (les faits se sont produits entre 20 et 22 heures). Et cela a repris le lendemain matin à 5 heures, ce qui n’est absolument pas dans leurs habitudes… »
Juste avant l’avocate générale, c’était les parties civiles qui avaient pris la parole. Les avocats des deux filles de Sylvain Dormard, étaient convaincus de l’innocence de celui-ci. M e  Chemla désignait même clairement Murielle Bonin comme responsable : « Je suis persuadé que si elle n’a pas d’alibi pour ce soir-là c’est qu’elle était en face de Laurence Dromard ! »
Avocats de la sœur, du frère et de la mère de la victime, M e  Carteret est, lui, certain de la culpabilité des deux. « Nous sommes face à un crime ourdi par un amant et une maîtresse qui ne pouvaient plus se passer l’un de l’autre… »

«Une magnifique erreur judiciaire »

M e  Lambroso, l’avocat de Sylvain Dromard a annoncé dès l’annonce du verdict qu’il interjetait appel dès ce samedi matin. Il parle « d’une magnifique erreur judiciaire » et va demander la remise en liberté de son client en attendant le procès en appel. M e  Carteret, l’avocat du frère, de la sœur et de la mère de Laurence Dromard, s’est dit soulagé pour ses clients. « Justice est passée », même s’il est conscient que de nouvelles épreuves les attendent en appel.
Me Miravete, avocat de Murielle Bonin est « très déçu de cette décision. J’avais nourri certains espoirs à la fin des débats tout comme ma cliente qui est ce soir bouleversée, dans un état de détresse extrêmement important. 18 ans c’est très lourd et elle conteste toujours les faits ».

L’acquittement avait été plaidé par la défense

Les avocats des deux accusés se sont succédé pendant plus de quatre heures devant les jurés de la cour d’assises de la Marne, hier après-midi. Avec la même plaidoirie, à savoir l’acquittement de leur client. Chacun tout de même avec des arguments très différents car depuis le début de l’audience, Murielle Bonin et Sylvain Dromard n’ont pas les mêmes positions sur l’assassinat de Laurence Dromard. Le mari, lui, nie toute participation de près ou de loin à ce drame pour lequel il comparaissait pour assassinat. Son avocat, M e  Lumbroso, a longuement insisté dans sa plaidoirie sur l’absence de certitude ou d’éléments probants dans ce dossier. « Certes Monsieur Dromard est ce qu’il est. Vous pouvez penser que c’est un goujat. Mais vous n’êtes pas là pour juger de sa moralité », a souligné l’avocat. Celui-ci a notamment mis en avant tous les détails de l’emploi du temps et des comportements de son client qui font que, selon lui, Sylvain Dromard n’a pu commettre ce qu’on lui reproche (délais trop courts, habits qui n’ont pas changé alors qu’il est censé les avoir ôtés après avoir tué sa femme, témoin qui dit l’avoir vu vivante à un horaire où il l’aurait tuée…).« Même si vous pensez qu’il n’est pas totalement innocent, le doute doit lui profiter. Vous devez l’acquitter. »
M e  Miravete a également demandé l’acquittement de sa cliente poursuivie pour complicité d’assassinat. Après avoir longuement mis en avant les éléments de l’emprise qu’avait Sylvain Dromard sur Murielle Bonin, l’avocat a souligné l’absence « d’intention criminelle » dans le comportement de sa cliente avant et après le drame. Si c’est elle qui accuse Sylvain Dromard de l’assassinat, M e  Miravete rappelle qu’elle avait été dans un premier temps poursuivie pour « non-dénonciation de crime » ou « non empêchement de crime » avant que cela soit requalifié en complicité d’assassinat. « Complice, c’est quoi, interroge l’avocat. C’est prêter aide et assistance sciemment dans une intention criminelle. Mais là, où est l’intention criminelle ? Si cela avait été le cas, on achète la batte de base-ball qui est supposé être l’arme du crime en espèce et pas en chèque comme l’a fait Murielle Bonin. On détruit le téléphone compromettant avant le crime, pas après ! On n’entretient pas autant de SMS et d’appels téléphoniques après ! »

http://www.lunion.fr/node/758444

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