vendredi 1 juillet 2016

Tribunal de Bordeaux : l'ouvrière avait été happée par une écimeuse

Une ouvrière agricole du château Maison Noble avait été victime d’un très grave accident en 2013 suivi de séquelles importantes. L’affaire a été évoquée, hier jeudi, devant le tribunal.
«C'est un dossier qui est terrible au niveau des faits. » D'emblée, Caroline Baret, présidente de la 4e chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux, plante le décor. Il est vrai que l'affaire est douloureuse. À la barre, comparaissent deux salariés, le gérant et la propriétaire du château Maison Noble, des Ukrainiens, dont les vignes sont situées sur la commune de Loubens, dans le canton de La Réole.
La justice leur reproche d'avoir occasionné involontairement de très graves blessures à une ouvrière lors d'une opération d'épamprage.
Les faits remontent au 27 août 2013. La veille, de retour de vacances comme la plupart des salariés du château, le chef de culture fait un tour sur les différentes parcelles et note que la vigne a fortement poussé. Il décide donc de faire passer l'écimeuse attelée à un tracteur pour éclaircir les rangs afin de faciliter ensuite le travail des ouvriers chargés d'épamprer.
Des instructions sont données au conducteur du tracteur ainsi qu'à cinq ouvriers qui se rendent sur la parcelle désignée. L'équipe est en place en début de matinée. Le conducteur de la rogneuse-écimeuse attaque sa mission, tandis que les ouvriers agricoles, à pied, se trouvent à proximité. Après quelques minutes et alors qu'il a effectué un certain nombre de rangs, le tracteur se trouve face à une ouvrière qui est en train d'épamprer. Le conducteur s'arrête immédiatement et lui demande de s'écarter.

Touchée à la tête

La quinquagénaire passe sous le rang de vigne et se trouve hors de danger à une distance d'environ 3,50 m. Le conducteur redémarre et, lorsqu'il tourne au bout de la parcelle, il aperçoit l'employée au sol. Les salariés accourent et découvrent leur collègue, le visage en sang. Pour une raison toujours inexpliquée aujourd'hui, l'ouvrière a eu une partie de la tête happée par les lames de l'écimeuse. Les blessures sont d'une extrême gravité. La quinquagénaire va perdre un œil et son état nécessitera la pose d'une plaque métallique sur une pommette et une arcade. Mais encore plus dramatique, l'hémisphère gauche du cerveau est atteint. Elle va perdre une partie de sa motricité, du langage et de la coordination de ses gestes et paroles.
« Pourquoi n'avez-vous pas décalé les interventions ? », demande la présidente du tribunal au chef de culture. Ce dernier reconnaît qu'il n'aurait pas dû faire travailler les employés à pied en même temps que l'écimeuse.

Relaxe générale

L'Ukrainien, gérant du château, acheté quelques mois plus tôt, avoue qu'il ignorait tout du fonctionnement de l'entreprise et du travail de la vigne, ce qui n'était pas le cas du chef de culture fort de neuf années d'ancienneté sur la propriété.
À son encontre, la vice-procureure Nathalie Mathieu réclamera un an de prison avec sursis. 1 000 euros d'amende avec sursis seront requis contre le tractoriste et une amende de 8 000 euros contre le château, personne morale.
Pour la défense, Mes Sylvie de Lestrange, Charles Dufranc et Henri-Michel Gata ont plaidé la relaxe. Le tribunal les a suivis. L'affaire va se poursuivre au plan civil
http://www.sudouest.fr/2016/07/01/happee-par-une-ecimeuse-2420076-2780.php
 

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