dimanche 14 août 2016

Meurtre d’Aurélia Varlet à La Rivière-Drugeon : trois ans après, la famille ne sait toujours pas comment l’État a fauté

Le 15 août 2013, Aurélia Varlet, 32 ans, a été tuée de deux coups de fusil par son ex-compagnon, qui a ensuite retourné l’arme contre lui. Tragédie passionnelle ordinaire ? Non. En essayant de savoir qui était la jeune femme et surtout quel était le comportement de son meurtrier, une évidence est apparue. Ce drame aurait sans doute pu être évité si les rouages de la société avaient fonctionné correctement.
Aurélia Varlet venait de quitter un homme qui avait fait subir un véritable calvaire à une autre jeune femme, pendant sept années, et ce en toute impunité malgré les appels au secours et les tentatives de dépôts de plainte. La jeune femme est allée jusqu’à alerter par courrier le préfet, le recteur, le procureur, le ministre de l’Intérieur pour signaler les faits. Et rien ne s’est passé. Dans son appel au secours, elle a raconté comment le compagnon dont elle cherchait à se défaire a provoqué un accident pour précipiter sa voiture dans un fossé, comment il est entré, armé et masqué, dans un amphithéâtre de la fac de Besançon en lui disant : « si tu ne me suis pas, je fais un carnage »… Les menaces de mort, la traque, la planque devant le domicile familial, les puces électroniques pour pister son véhicule, le véritable arsenal illégal dans la maison qu’il louait à La Rivière-Drugeon. Traquée et aux abois, condamnée à se cacher en Suisse voisine, elle terminait son courrier par cette phrase : « seule la justice peut arrêter cet homme avant que des faits plus graves ne se produisent. »
Moins d’un an plus tard, Didier Grosjean abattait Aurélia de deux balles de fusil dans le dos.

« Il ne faut plus négliger les appels au secours d’une victime »

« Quand nous avons été reçus au ministère de la Justice, l’an passé, un conseiller m’a dit : ‘‘le procureur avait ordonné une perquisition au domicile de Didier Grosjean’’ », insiste Patrick Varlet, le père d’Aurélia. « Elle n’a pas eu lieu. Voilà pourquoi, je pense, l’État a reconnu sa faute. Mais nous aimerions qu’on nous dise qui, pourquoi ? Il y a des responsabilités. »
La famille d’Aurélia Varlet a conscience d’avoir bénéficié d’une attention particulière en étant reçue au ministère de la Justice l’an passé. Et surtout en s’entendant dire que l’État reconnaissait sa défaillance. Oui, les services d’État ont failli dans cette affaire, qui a du mal à s’effacer des consciences.
Après l’émission « Crimes », c’est maintenant Paul Lefèvre et Farrah Youbi qui travaillent sur ce dossier pour la série « Les cicatrices de la justice ». Cette affaire résiste étonnamment dans les mémoires et les consciences. Elle a quelque chose d’universel. Avec le sentiment d’un drame sans doute emblématique d’une parole que l’on n’écoute pas. « Si j’avais une seule chose à dire », témoigne Giovanni, le frère de la victime, « c’est qu’il ne faut plus négliger les appels au secours d’une victime, il faut respecter la parole, vérifier… »
http://www.estrepublicain.fr/edition-haut-doubs/2016/08/14/meurtre-d-aurelia-varlet-a-la-riviere-drugeon-trois-ans-apres-la-famille-ne-sait-toujours-pas-comment-l-etat-a-faute

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