mardi 27 septembre 2016

Nancy : le patron de boîte de nuit met en scène son saucissonnage

Certains ont une imagination débordante. Placé selon lui face à des difficultés financières inextricables, ce gérant d’une boîte de nuit de Maxéville (banlieue de Nancy) a mis en scène son propre saucissonnage… Tout a fonctionné comme sur des roulettes. Au point d’occuper la justice qui a recherché les auteurs de ce vol à main armée et de cette séquestration pendant 7 ans, jusqu’en 2014. Car l’affaire date de l’automne 2007…
Un beau matin de novembre, l’épouse du patron de la discothèque se présente à l’hôtel de police de Nancy, inquiète de ne pas avoir de nouvelles. Elle est encore dans les locaux quand elle reçoit justement un appel de son mari. Il est 11h55. Ce dernier lui explique qu’il a été braqué au petit matin, à 6h30, à la sortie de la discothèque. Trois hommes cagoulés lui sont tombés sur le râble, armés d’un fusil à pompe et d’une barre de fer, l’ont prestement reconduit à son bureau. Il détaille la suite : « On te connaît ! On sait où tu habites, que tu es marié, que tu as des enfants, et, à l’heure qu’il est, quelqu’un est devant chez toi ! Alors file-nous la monnaie ! ».
L’homme aurait alors remis 50.000 € à ses agresseurs. Il aurait ensuite été bâillonné, ligoté sur sa chaise avec du ruban adhésif. Ainsi immobilisé toute la matinée, il serait malgré tout parvenu, comme dans les haletants films d’action, à faire chuter un vase, à ensuite couper ses liens avec un éclat de verre tranchant…
L’ADN déniché sur le ruban adhésif est demeuré inconnu jusqu’en juin 2012, date à laquelle il a « matché » avec une empreinte génétique tout juste rentrée dans le FNAEG. Interrogé, cet ami du patron passe à table en garde à vue, avoue qu’il a bel et bien ligoté son copain à sa demande.

« J’ai fait ça parce que j’étais obligé »

A la barre ce lundi, l’ancien gérant, poursuivi pour « dénonciation mensongère », explique qu’il était à l’époque en bisbille avec son « associé parisien », qui possédait 90 % des parts, qu’il a inventé ce stratagème pour justifier qu’il n’avait plus d’argent.
« En avril 2007, alors que j’étais jusqu’alors gérant salarié, il m’a dit de reprendre la boîte. J’ai constaté que si 50.000 € apparaissaient au niveau de la comptabilité, ils n’existaient en fait pas. Je regrette mais j’ai fait ça parce que j’étais obligé ».
Le président : « - Votre associé vous a mis la pression ? ».
« - Oui. Je suis monté le voir plusieurs fois au Luxembourg. Et il m’a aussi envoyé des gars. Des Albanais ».
Pour le procureur, qui requiert 4 mois avec sursis et 4.000 € d’amende, il est « inadmissible de faire perdre son temps à la justice, à la police ».
« La police savait dès le début qu’il y avait quelque chose qui clochait », assure Me Sébastien Schmitt. « Il ne s’est rien passé dans ce dossier de 2007 à 2012. Et quand on met enfin un nom sur le présumé braqueur, grâce à son ADN, on ne le place en garde à vue que deux ans plus tard, en 2014… ». Jugement : 2 mois avec sursis et 2.000 € d’amende.


http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/09/26/nancy-le-patron-de-boite-de-nuit-met-en-scene-son-saucissonnage

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