mercredi 14 septembre 2016

Procès des «amants diaboliques» : «Elle planifie, il exécute»

Trente ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi 14 septembre devant la cour d’assises de la Marne contre les «amants diaboliques», qu’un «pacte criminel» a conduits à l’assassinat du mari de la co-accusée, un militaire.
Dans le box, les accusés, dont les versions divergent, ne se jettent pas un seul regard, séparés par deux agents de sécurité pénitentiaire.
Les ex-amants ont néanmoins reconnu avoir organisé, puis mis à exécution le 24 janvier 2014, l’assassinat du mari de la co-accusée, Julien Thévenet, 24 ans. Ce militaire à la base aérienne 113 de Saint-Dizier (Haute-Marne) a été tué de sept coups de pioche dans le garage du pavillon familial, à Somme-Suippe, un village d’environ 500 âmes près de Châlons-en-Champagne.
Ils écoutent sans ciller l’avocate générale, Delphine Moncuit, livrer son réquisitoire durant une heure et demie, autour d’une «complémentarité dans l’acte», convaincue «depuis le premier jour» que les deux accusés ont «la même part de responsabilité dans ce pacte criminel».
«C’est la parole de l’un contre la parole de l’autre, on est dans un huis clos où eux seuls savent ce que chacun a fait», regrette-t-elle, même si «la version de M. Chantereau est corroborée par les investigations techniques faites dans ce dossier alors que les déclarations de Mme Richard sont peu crédibles».
Sa charge envers la complice, «incapable de dire la vérité» selon l’avocate de la partie civile, décrite comme «égocentrique» et «avare» par les experts, est sévère : «Elle ment ! Elle était là, elle a mis en marche le processus d’exécution de son époux. Elle est maître des événements qui se passent ce jour-là.»
Les tentatives d’explications de l’accusée n’ont jamais paru sincères. Mardi, elle était revenue sur ses déclarations en garde à vue, admettant avoir «menti» et essayant de minimiser son rôle par le fait qu’elle n’a pas «réfléchi» à ses actes, n’ont jamais paru sincère.
- «Un meurtrier, pas un monstre»
«Sébastien n’a été qu’une arme par destination», a plaidé Me Lumbroso,avocat de Chantereau, qui a défendu son client «victime d’un syndrome abandonnique» dû à une «défaillance paternelle» et une «faille narcissique».
«C’est un meurtrier, pas un monstre», avance-t-il pour demander aux jurés de prendre une décision correspondant à «la réalité».
«La sorcière», selon le terme qu’il emploie, aurait donc influencé l’accusé, surnommé «Satan» au lycée, pour une histoire d’argent, qu’elle espérait toucher des assurances à hauteur d’environ 200 000 euros après la mort de son époux.
Ce schéma qui place les accusés sur un pied d’égalité est balayé par Me Guillaume Bert, avocat de Mme Richard, rappelant que sa cliente n’est pas une meurtrière : «Je vous demande de rééquilibrer le plateau de la balance, ce n’est pas elle qui a porté les coups.»
«Elle planifie, il exécute», résume l’avocate générale, persuadée que «sans la rencontre avec Sophie Richard, Sébastien Chantereau n’aurait jamais eu l’intention de tuer Julien Thévenet».
Mme Moncuit a aussi requis le retrait de l’autorité parentale de Sophie Richard sur sa fille âgée d’à peine deux ans à l’époque des faits et qui se trouvait dans sa chambre quand, de l’autre côté de la cloison, sa mère demandait à Chantereau s’il avait «bientôt fini» sa besogne. Dans le même temps, elle donnait aussi le bain à son autre enfant, un garçon de 5 ans, né d’une autre union.
«Un jour, elle sera en âge de comprendre et demandera des comptes à sa mère. Ce jour-là, la peine la plus lourde sera infligée par sa fille», prophétise Me Bert devant les jurés, avant qu’ils se retirent pour délibérer.
Le verdict est attendu dans la soirée.

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