mercredi 30 novembre 2016

Devant les assises, un caïd marseillais s'effondre, en pleurs

Le jeune caïd Eddy Tir, 25 ans, accusé du meurtre d'un adolescent à Marseille en 2011 et confronté aux accusations de la mère de la victime, a éclaté en sanglots devant les assises des Bouches-du-Rhône, provoquant une interruption de séance.
Le "caïd" de la cité Font-Vert, deux fois mis en examen pour meurtre, petit-fils du "Parrain" des quartiers nord Saïd Tir, s'est effondré dans le box des accusés mardi après-midi, après le témoignage de la mère de la victime. Le tribunal doit déterminer qui a tué Kamel El Mehli, 17 ans, "rafalé" à la kalachnikov le 22 décembre 2011 au pied de l'immeuble où vit sa famille dans la cité La Castellane, après une tournée des bars avec les deux accusés, Eddy Tir, 25 ans, et Seyni Demba, 23 ans.
Les deux hommes avaient eu un différent avec la victime avant le meurtre. Eddy avait été blessé dans un bar à une cuisse d'un coup de couteau, trois mois plus tôt, par l'adolescent. Seyni Demba, qui connaissait Kamel depuis des années, s'était quant à lui battu avec ce dernier deux jours plus tôt, et avait eu l'arcade sourcilière entaillée au cutter.

Je suis mal, parce que c'est moi qui ai donné l'arme à Seyni, mais j'ai rien fait !
a hurlé Eddy Tir avant de quitter le box en pleurs, sous les huées des parents de Kamel.

"Arrête ton cinéma avec moi!" lui hurle la mère de l'adolescent tué, tandis que son père, écoeuré, quitte la salle. "C'est Eddy qui a tiré sur mon fils!" a crié la mère de Kamel, en pointant du doigt le jeune Tir, réitérant ses accusations faites vendredi à l'ouverture du procès.
Samira El Mehli est formelle : Kamel, 70 kilos, qui boitait suite à un accident de scooter, ne pouvait rien face à Eddy Tir, avec ses 107 kilos et sa kalachnikov.

Est-ce que c'est une fierté de porter le nom de caïd quand on tue un enfant de 17 ans avec 27 balles dans le dos ?
demande-t-elle aux jurés. Cette mère endeuillée, qui se sent "nue et vide" depuis la mort de son fils, en veut aussi à Seyni, "qui m'appelait tata, qui venait manger à la maison et jouer à la Playstation", et qui a, selon elle, attiré Kamel dans un guet-apens. Car Kamel se sentait menacé, raconte-t-elle: "Ils s'étaient disputés et Kamel m'avait dit : "Maman, Seyni s'est rapproché d'Eddy, ils vont me faire un sale coup." "Seyni, il est incapable de tirer, par contre il a tout prémédité, il a tout fait en sorte que Kamel se mette en confiance avec lui, il l'a ramené à Eddy", poursuit-elle.

Seyni Demba reste impassible dans le box, même lorsque son co-accusé hurle sa douleur. Eddy Tir, 32 condamnations à son actif, qui se vantait sur Facebook depuis sa prison d'avoir commis le crime de la Castellane, et qui aime à évoquer sa lignée célèbre à Marseille (outre son grand-père, deux de ses oncles ont été tués lors de règlements de compte), apparaît devant les assises comme un jeune homme éloquent et assagi. Ses cheveux noirs impeccablement peignés, il explique s'être fait pirater son compte Facebook et être "touché par la mort du jeune".

Le surnommé "gros cul", toujours en survêtement, qui aimait "flamber", a perdu plus de vingt kilos, et porte à l'audience un pantalon en toile beige assorti à son pull, duquel dépasse le col d'une chemise noire. Il affirme n'avoir fait que prêter l'arme à Seyni Demba, pensant que ce dernier voulait "arracher les jambes" de Kamel, pas le tuer. Plusieurs témoignages l'accablent pourtant. Son ADN a aussi été retrouvé dans des gants jetés dans sa fuite par l'auteur de coups de feu. Mais Eddy Tir se dit victime d'un complot, lui qui était un étranger à la cité de la Castellane.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/societe/justice?r=provence-alpes

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