samedi 12 novembre 2016

Léa, 15 ans, avait été mortellement fauchée par une voiture en plein centre-ville

Au premier rang de la salle d’audience du tribunal correctionnel, Nathalie et Christophe Gerondeau, un couple effondré. Nathalie serre contre sa poitrine le portrait d’une belle jeune fille, riante… « C’est une audience insoutenable », commente sobrement Stéphane Kellenberger, procureur de la République. Une audience, destinée à faire jaillir la vérité judiciaire.
Lundi 16 novembre 2015, peu avant 17h50, Léa, qui doit prendre un car la ramenant chez elle à Malijai, se précipite avec ses deux copines Jade et Andréa à la gare routière. Mais, en traversant la chaussée, elle est mortellement fauchée par une voiture avec, au volant, un automobiliste dignois, âgé de 36 ans. « D’un seul coup, le monde s’écroule », poursuit le procureur de la République. L’automobiliste doit, aujourd’hui, répondre d’un homicide involontaire, avec refus de priorité et excès de vitesse.
Le prévenu affirme que les trois jeunes filles n’étaient pas sur le passage protégé, et qu’il a été surpris par leur présence, donnant d’ailleurs un coup de volant désespéré pour éviter le trio. Pour le ministère public, l’homme ment. « Le corps de l’adolescente a été projeté à plus de 20 mètres du passage protégé témoignant de la violence du choc et partant d’une vitesse excessive », ajoute Stéphane Kellenberger. De surcroît, les premières paroles des deux copines étaient pour dire qu’elles étaient en train de traverser, en marche rapide sur le passage protégé, cette voirie rectiligne longeant La Bléone, quand le drame est survenu. Enfin Léa, fille de sapeur-pompier volontaire, et engagée dans les cadets sapeurs-pompiers, se faisait une religion d’observer la réglementation, toutes les réglementations.

« La douleur des parents de Léa est perpétuelle »

« Le cœur de cible de ce drame, c’est le défaut de maîtrise du véhicule et le manque de vigilance du conducteur à ce moment de la journée où cette voirie est très fréquentée », appuie Laurent Villegas, avocat de la partie civile. Le conseil dénonce l’attitude de l’automobiliste « qui ne propose pas de réponses franches et sincères aux questions que l’on se pose. Et quand bien même, ce procès ne répare rien, la douleur des parents de Léa est perpétuelle ».

Des déclarations constantes

« Le prévenu est seul à affirmer qu’elles n’étaient pas sur le passage protégé. Dans un contexte de circulation urbaine difficile, à ce moment de la journée, entre chien et loup, il devait obligatoirement redoubler de vigilance », tonne le procureur de la République, réclamant à l’encontre du prévenu, trois ans de prison avec sursis, la suspension du permis de conduire pour 18 mois, et 500 euros d’amende pour excès de vitesse et refus de priorité.
« L’excès de vitesse n’est pas prouvé, pas plus que le fait que les jeunes filles ont bien traversé sur le passage piéton », plaide l’avocat de la défense, Me Jean-Didier Kissambou M’Bamby, mettant en exergue le fait que le prévenu n’a jamais varié dans ses déclarations et qu’en père de trois enfants, il souffre chaque jour des terribles conséquences de cet accident.
Le tribunal a mis le jugement en délibéré au 24 novembre prochain.
Depuis l’accident, la municipalité de Digne-les-Bains a équipé ce passage piéton mais aussi les quatre autres installés sur l’avenue Démontzey, d’avertisseurs lumineux et d’un dispositif d’éclairage plus efficient.

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