En tout cas une lourde sanction encourue pour une scène glaçante que ce jeune homme sous tutelle, en détention provisoire depuis un mois, a fait vivre à son bébé de 10 jours. Dans la soirée du 25 avril 2016, il se retrouve seul avec son fils dans l’appartement de sa compagne, elle-même sous curatelle.
Le bébé pleure, il ne supporte pas. « J’ai horreur des pleurs. Je me suis approché de lui et je l’ai mis sur le ventre ». La suite, d’une violence inouïe, est narrée par le président du tribunal, Bertrand Buzon, qui lit les déclarations du prévenu lors de sa garde à vue. « J’avais envie de le massacrer. J’ai pris sa jambe, je l’ai tordue de toutes mes forces. Je l’ai entendue craquer… »
L’enfant hurle à la mort, son père lui enfile un pyjama pour cacher le membre rougi qui a doublé de volume, avant de le mettre au lit comme si de rien n’était. Le « bourreau », comme l’appellera le procureur Olivier Glady, n’a pas les mots pour décrire l’horreur. Mais il reconnaît tout.
« Vous aviez conscience qu’il s’agissait d’un bébé dont la seule façon de s’exprimer est de pleurer ? », interroge le président Buzon. Silence, regard minant le sol. « Ça me travaille, je m’en veux à mort », finit-il par avouer.
Au retour de la mère, le père ne dit rien. Celle-ci donne un bain au bébé, assurant à la barre n’avoir rien remarqué. Seuls des vomissements du nourrisson l’incitent à se rendre aux urgences, vers 23 h 30, où le mal est enfin découvert : fracture de la jambe droite. Le bébé est aussitôt transféré au CHU de Nancy. Il est aujourd’hui placé en pouponnière.
« Le bébé vomissait de douleur ! »
Poursuivie pour non-dénonciation de mauvais traitement, la mère disculpe avec force son compagnon. « Je suis trop amoureuse de lui. Je veux faire ma vie avec lui et avec le petit ». « Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir », lance alors le procureur. Sur la même lancée, Me Bourel, avocate de l’Association d’action éducative, sort de ses gonds, scandalisée. « Le bébé vomissait de douleur ! Quand on n’est pas en mesure de s’occuper d’un enfant, on n’en fait pas ! »Face à une « pauvre femme avec des œillères opaques » et à « un bourreau » déjà connu de la justice et à l’alcoolisme chronique, le procureur se désole d’une affaire « révoltante et consternante ». Il requiert 12 mois de prison dont la moitié avec sursis pour la mère, de 3 à 4 ans ferme pour le père.
Évitant de « focaliser sur l’atrocité des faits », Me Hel s’est réfugié derrière « un encadrement insuffisant » à la sortie de la maternité. « On ne naît pas parent, on le devient. Ce père ignorait l’action à mener devant les pleurs de son fils ». Le tribunal a finalement condamné ce dernier à 3 ans de prison ferme, la mère à 8 mois de prison avec sursis.
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-bar-le-duc/2016/11/11/meuse-il-brise-la-jambe-de-son-bebe-3-ans-ferme-pour-le-pere-bourreau
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