jeudi 15 décembre 2016

Le maquignon menace la vétérinaire et écope de 6 000 €

Casier judiciaire presque vierge et surtout une situation professionnelle cossue, le profil d'un éleveur de bestiaux et gérant d'une notable société de Caussade tranchait particulièrement avec celui des autres accusés de l'audience correctionnelle de ce mardi. Un contraste que ne manquait pas de mettre en relief l'avocate du maquignon, Me Laure Serny, et même le magistrat du ministère public, le substitut du procureur, Mathias Marchand.
Droit comme un «i», le négociant en bestiaux de 56 ans, qui s'était rendu le 7 juillet dernier à l'abattoir de Montauban pour y faire tuer en urgence la vache accidentée d'un voisin, avait perdu son sang-froid en menaçant de mort la vétérinaire de la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) : la chaîne d'abattage d'urgence ayant été fermée par arrêté préfectoral. «Nous étions en inspection avec mon équipe et le directeur de l'abattoir, témoignait Marion Feyt, lorsqu'il a fait irruption dans les bureaux alors même qu'il savait qu'il ne pouvait faire abattre l'animal à Montauban.»
Vociférant, le maquignon lâchait en tentant d'intimider la fonctionnaire de la préfecture : «Je souhaite que vous brûliez dans votre bureau, les agriculteurs en ont marre de se faire e... par des fonctionnaires comme vous! (sic)».

Il laisse sa bétaillère et l'animal sur le parking

Le quinquagénaire quittait alors les lieux en abandonnant sa bétaillère sur le parking de l'établissement avec l'animal à l'intérieur. «Il a fallu que le directeur de l'abattoir de Montauban se charge de la bête en la conduisant à Villeneuve-sur-Lot pour la faire abattre», indiquait la présidente Nicole Bergougnan. «C'était le jour du passage du Tour de France, déclarait pour sa défense le maquignon, je ne pouvais pas revenir à Caussade, j'avais un camion de bêtes qui m'attendait. Si j'avais su, je l'aurais conduit à l'abattoir de Villefranche-de-Rouergue : c'est à la même distance que Montauban.»
Des allégations qui ne tenaient toutefois pas, la vétérinaire en chef ayant confirmé que l'éleveur de bestiaux avait téléphoné avant de se rendre à l'abattoir montalbanais. «C'est vrai qu'il y a des relations viriles dans ce milieu, rappelait à la décharge du prévenu, le substitut Marchand. Mais là, les limites ont été franchies.» Un point sur lequel l'avocate de la fonctionnaire, Me Charlotte Lévi, ne manquait pas de rebondir : «Ma cliente a été traumatisée par cet échange qui visait à l'intimider pour passer outre l'arrêté préfectoral.» Et la pénaliste de battre en brèche la demande de relaxe de la défense : la menace de mort n'étant pas juridiquement caractérisée.

Une facture salée pour le négociant en bestiaux

Des arguments relayaient par la suite par le ministère public qui réclamait une requalification des faits en outrage et requérait une magnanime peine de 500 € d'amende. «Mon client n'a jamais voulu atteindre l'intégrité physique de Mme Feyt, c'est juste la traduction d'une colère qui n'était pas dirigée vers elle», plaidait Me Laure Serny. Plusieurs heures plus tard, l'énoncé du verdict tombait, plus lourd que les réquisitions, le maquignon étant condamné à 3 000 € d'amende et 3 000 € supplémentaires de dommages et intérêts en faveur de la vétérinaire de l'État. Avant de quitter l'audience, Me Laure Serny ne cachait pas qu'elle relèverait appel de cette décision.

http://www.ladepeche.fr/communes/caussade,82037.html

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