samedi 17 décembre 2016

Nancy : mort d’un retraité : 3 ans de prison ferme

Un motif insignifiant. Une bêtise. Trois fois rien. Un battement d’ailes de papillon. Mais qui a provoqué un tsunami. Tout le monde est d’accord pour diagnostiquer l’insoutenable légèreté de la cause du drame sur lequel la cour d’assises de Nancy cogite depuis mercredi.
« Toute cette affaire repose sur la rayure de la portière d’une voiture jaune. C’est pour cela que quelqu’un est mort ! C’est terrifiant ! », résume, vendredi, au dernier jour du procès, l’avocat général, Christophe Amunzateguy.
L’accusé, Angelo Coussantien, 24 ans, se retrouve, en effet, dans le box pour avoir vu ou cru voir un retraité rayer la carrosserie de la vieille 205 jaune d’un de ses copains. C’était le 29 novembre 2011 sur la place Herbuveaux à Tomblaine. Le jeune homme a empoigné Jacques Lacroix, 66 ans. Pour le retenir, a-t-il expliqué durant le procès. Pour que le sexagénaire fasse un constat amiable avec son copain et propriétaire de la voiture qui était dans la boulangerie voisine à ce moment-là.

« Une stratégie toxique »

La suite ? Le jeune homme a poussé le retraité. C’est en tout cas pour cela qu’il est jugé. Lui, le nie farouchement. Il prétend avoir juste agrippé puis relâché la victime qui a fait une chute mortelle au sol. « Il ment et il le sait. Ce procès a été une occasion manquée pour lui d’assumer son geste. Il s’est enfermé dans une stratégie toxique », regrette Me Philippe Guillemard, l’avocat de la veuve du retraité.
« La version de l’accusé est crédible : si je vous tire puis que je vous lâche à un moment où vous ne vous y attendez pas, vous tombez ! », mime l’avocat de la défense, Me Pascal Bernard, devant les jurés.
Mais ce n’est pas ce que les témoins ont vu. Selon eux, le retraité a bel et bien été poussé. Il est tombé par terre. « Sa tête a claqué contre le bitume. Il a eu une fracture du crâne de 7 cm », précise Me Guillemard.
Le sexagénaire ne s’est pas rendu compte de la gravité de sa blessure. Ni la police, ni les pompiers. Il s’est relevé, a signé une décharge pour ne pas aller à l’hôpital et il est parti.
Le soir, il s’est senti mal. Son épouse a prévenu les urgences. Il était alors trop tard. Jacques Lacroix est décédé quatorze jours plus tard. Même si la mort n’a pas été immédiate, il n’y a aucun doute, pour l’avocat général Amunzateguy : c’est bien le fait d’avoir été poussé et d’être tombé place Herbuveaux qui sont la cause de la mort. Et de requérir 6 ans de prison contre l’accusé.
Me Bernard plaide, lui, l’acquittement. Car il estime que le refus d’hospitalisation de la victime et le manque d’insistance des secours pour la convaincre d’aller quand même à l’hôpital ont joué un rôle déterminant. Verdict modéré : 5 ans de prison dont 3 ans ferme et le reste avec sursis et mise à l’épreuve
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/12/16/nancy-mort-d-un-retraite-3-ans-ferme

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