dimanche 11 décembre 2016

Un policier jugé aux assises pour le meurtre d'un lycéen de 19 ans

Un gardien de la paix marseillais de 43 ans qui avait tué en 2013 avec son arme de service un lycéen de 19 ans dans une épicerie de nuit à Marseille, comparaîtra mardi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour meurtre. Le policier, en état d'ébriété, n'était pas en service. 
Le 14 février 2013 à minuit, le gardien de la paix Frédéric Herrour, dit "Fred", 43 ans, avait eu une altercation dans une épicerie de nuit du 3e arrondissement de Marseille, avec Yassin Aibeche, 19 ans, élève sans histoires d'un lycée professionnel. Le policier, en état d'ébriété, n'était pas en service. La bagarre avait démarré à cause d'une remarque du fonctionnaire à Yassin qui "fumait un joint dans le magasin", selon une première version sur laquelle il est revenu, affirmant ensuite avoir été agressé parce qu'il était policier.  
  

Choc hémorragique


"Je suis dans mon quartier, je suis chez moi. Sors dehors, je t'arrache la tête", avait répliqué Yassin, selon le témoignage de son ami Tahar qui l'accompagnait. L'altercation se prolongeait dans la rue et le policier -qui, enfreignant le règlement, avait gardé sur lui son arme de service- tirait sur Yassin qui courait vers la voiture de Tahar. Atteint d'une balle dans la fesse, le jeune homme mourait quelques heures plus tard à l'hôpital d'un choc hémorragique.

Lors de l'enquête, le policier a assuré avoir sorti son arme "dans le but de faire peur" et avoir tiré accidentellement en chutant, à la suite d'un croc en jambe et alors qu'il était roué de coups. "Je suis parti en vol plané, j'étais terrorisé, j'ai perdu toute maîtrise sur mon corps, j'ai serré les dents et fermé les yeux", a-t-il expliqué au juge d'instruction. Il était parti aussitôt, ne pensant pas avoir blessé quiconque, selon sa version des faits.

Plusieurs témoins ont rapporté qu'il "avait sorti l'arme de sa sacoche et, en tombant sur les fesses, avait tiré sur le jeune". Mais selon d'autres, le policier tenait fermement l'arme des deux mains et visait sa cible lorsqu'il a tiré. "Attention il est armé", avait crié Tahar à Yassin qui courait vers la voiture. Le policier avait alors tiré dans le dos de Yassin, selon Tahar qui avait transporté la victime, agonisante, à l'hôpital. "L'individu a pris une position de tir avant de faire feu. Pour moi, il avait vraiment l'intention de tuer Yassin", a dit son
ami.      

Intention de tuer ?


Les experts balisticiens ont constaté que le système de sécurité de l'arme nécessitait une forte pression sur la queue de détente pour tirer. En février, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a écarté l'hypothèse de l'acte accidentel et rejeté la demande de remise en liberté du meurtrier présumé. Les juges ont en outre écarté la légitime défense, Yassin Aibeche étant à plusieurs mètres du meurtrier présumé, auquel il tournait le dos.

En revanche pour Me Emmanuel Molina qui défend l'accusé, le policier "n'a jamais eu l'intention de tuer". L'avocat qui enjoint la justice de "ne pas se tromper de procès" en faisant celui des "dérives policières", estime que le geste tragique 
"n'est pas l'acte d'un meurtrier mais celui d'un homme sincère dans son engagement
professionnel
" qui a "eu peur pour sa vie" car il était traumatisé par l'agression, le jour même dans le quartier, d'un policier en raison de sa profession.

Décrit comme "volontaire et consciencieux, ayant la confiance de sa hiérarchie", mais également comme ayant des problèmes de "dépendance à l'alcool", le policier, en détention provisoire depuis février 2013, a été mis à la retraite d'office par un conseil de discipline en avril 2014.

Le verdict est attendu vendredi.

http://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes/bouches-du-rhone/metropole-aix-marseille/marseille

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