samedi 25 février 2017

Montpellier : un avocat disjoncte en pleine audience

J eudi 23 février, un avocat du barreau de Grenoble a perdu son sang-froid... sous les yeux effarés de scolaires, présents au tribunal.
De mémoire d'avocat, de parquetier, de greffier, d'huissier, de magistrat du siège ou de policier du service d'ordre (de plumitif judiciaire également), jamais la correctionnelle montpelliéraine n'avait connu pareil tumulte.

Il jette des cotes de son dossier...en plein prétoire !

Lorsque jeudi 23 février, alors que venait de débuter un procès -celui d‘un double homicide involontaire- le ton est subitement monté entre les deux avocats des parties. Cela après que Me Luc Abratkiewicz a voulu récupérer son dossier de plaidoirie, précédemment communiqué à Me Édouard Bourgin du barreau de Grenoble.
Ce dernier a alors refusé de lui rendre ses pièces ou d'en disposer via des photocopies. Puis a accusé son confrère de vouloir le lui arracher des mains. L'auxiliaire grenoblois a alors haussé le ton avant de jeter aux quatre vents, en plein prétoire, des cotes de son propre dossier ! Pour, ensuite, demander l'intervention du bâtonnier. Face à la tournure des événements et avant toute escalade, la présidente Le Donche a décidé de suspendre illico.

Une grotesque pantomime

Furibard, l'auxiliaire grenoblois est ensuite sorti dans la salle des pas perdus en insultant, en son absence mais publiquement, son confrère. Faisant ensuite les cent pas, portable vissé à l'oreille, éructant entre deux communications... Une grotesque pantomime donnant ainsi l'impression de voir l'intéressé comme sous l'empire de quelque toxique ou à la frontière d'un imminent "nervous breakdown".
Alerté par Me Abratkiewicz, le bâtonnier Barral, indisponible, a alors mandaté Me Marc Gallix pour tenter de ramener un semblant d'apaisement après le spectacle, à tout le moins navrant, livré dans la salle. Notamment sous les regards incrédules de scolaires. En vain. Car même une fois le pénaliste sur place, Me Bourgin a poursuivi plus avant dans la coulisse. Refusant que Me Gallix s'entretienne, seul, avec présidente et assesseurs.
Cette même présidente (pourtant pas connue pour être une va-t-en-guerre) ne parvenant pas non plus à calmer la fureur de la robe noire. Un retour dans le prétoire plus tard, le représentant du parquet a, lui, demandé le renvoi de l'examen au fond du dossier "pour assurer la sérénité des débats".

Où l'auxiliaire flirte avec l'outrage à magistrat

Décision stérile pour MeBourgin. Qui, entre-temps, a rédigé des conclusions d'incident d'audience et demandé, de façon véhémente, un acte d'enquête à l'endroit de son contradicteur ! Mais la présidente Le Donche de recadrer l'auxiliaire: "Vous le savez, le tribunal n'a pas le pouvoir de poursuivre un avocat !" Me Abratkiewicz d'embrayer : "Nous ne sommes pas devant une cour d'assises. Il n'y a pas d'incident de contentieux !"
À l'issue d'une seconde suspension, le tribunal a finalement décidé de renvoyer l'affaire au 22 juin. Me Bourgin, qui avait au préalable demandé à des auditeurs de constater par écrit l'incident (mais beaucoup n'avaient rien vu de sa genèse), s'est alors levé. Et a harangué le public. Pour réitérer, oralement cette fois, sa demande aux personnes présentes. Ce qui, dans ce cas précis, pouvait éventuellement relever d'un outrage à magistrat. Lequel n'a pas été acté. Reste à savoir maintenant si cet incident, aussi sérieux qu'inédit, connaîtra des développements.

http://www.midilibre.fr/2017/02/24/montpellier-un-avocat-disjoncte-en-pleine-audience,1470676.php

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