mercredi 8 février 2017

Mort d’un bébé en Gironde : un an ferme pour la nounou

Le 18 novembre 2011, élisa, fillette de 18 mois, mourait alors qu’elle était confiée à sa nourrice. Cette dernière a été jugée mardi
Homicide involontaire par imprudence ou négligence pour la mort d’un bébé. Tel est le délit dont a été déclarée coupable Karine Vanderbecken, une nourrice de 46 ans, mardi, par la 5e chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux, présidée par Alain Reynal.
Elle a été condamnée à deux ans de prison dont un an assorti d’un sursis avec une mise à l’épreuve de deux ans. Celle-ci comprend des obligations de soins et d’indemniser les parties civiles ainsi qu’une interdiction de toute activité en lien avec des mineurs.
« Qu’elle ne puisse plus exercer est un soulagement pour nous. Ces cinq dernières années ont été très longues et éprouvantes, mais cela en valait la peine », a réagi à l’issue de l’audience Gwenaël Wilson, le papa de la très jeune victime, Élisa.
Sa fille avait 18 mois lorsqu’elle est décédée tandis qu’elle était confiée à sa nourrice, le 18 novembre 2011, à Bruges, dans l’agglomération bordelaise.

Morte par asphyxie

Ce matin-là, Karine Vanderbecken appelle les pompiers peu après 10 heures. À leur arrivée, les secours découvrent l’enfant allongée sur un tapis de sol et ne peuvent que constater sa mort. Le petit corps ne porte aucune trace de violences. L’autopsie révélera qu’elle est décédée par asphyxie. Que s’est-il passé ? Cinq ans plus tard, la question n’a toujours pas de réponse.
Dans un premier temps, la nounou a raconté que l’accident était survenu dans le parc Treulont, à 600 mètres de chez elle, alors qu’elle promenait les deux enfants dont elle avait la garde, Élisa et un garçonnet de 18 mois. Ce dernier serait tombé et elle aurait perdu de vue la fillette le temps de le consoler.
Elle aurait découvert Élisa quelques minutes plus tard, inconsciente, suspendue par son écharpe à des buissons et aurait couru jusqu’à son appartement, les deux enfants sous le bras, pour alerter les secours. Une version qui a d’abord convaincu la justice, le parquet classant sans suite l’affaire, en 2013. Le dossier est rouvert après une plainte avec constitution de partie civile des parents.

Amnésie et jeu vidéo

Relancée, l’enquête ne tarde pas à mettre à mal les premières déclarations de la nourrice. Mise en examen en 2014, elle craque devant le juge d’instruction. Reconnaît les invraisemblances de sa défense et avoue que les faits se sont passés chez elle. Mais quoi ? Elle n’en dit pas plus et se retranche derrière une soudaine amnésie.
« Et aujourd’hui, que pouvez-vous nous dire ? Interroge le président d’audience. Si vous devez une chose aux parents, c’est la vérité. » Mais l’interrogatoire poussé du magistrat n’y change rien. « ça fait plus de cinq ans que je travaille là-dessus. Mais je ne me souviens pas », assure la prévenue, en invalidité depuis les événements et installée dans l’Orne.
N’aurait-elle pas laissé les deux bébés sans surveillance, dans une pièce de son appartement, pour s’adonner à sa passion de l’époque, un jeu vidéo en réseau, « Les Royaumes renaissants » ? « Votre ex-époux explique votre séparation par votre addiction à ce jeu », souligne Alain Reynal. L’ancienne nounou répond à côté.
Assis sur le banc des parties civiles, les parents d’Élisa et sa grand-mère encaissent. La tristesse « s’est incrustée dans leur quotidien », expliquent-ils à travers la lecture d’un texte. « Notre cœur éprouve de la colère envers vous pour ce que vous nous faites subir », lance à la prévenue la mère du bébé disparu.
Pour leur avocat, Me Jean-Christophe Coubris, la défense de la nourrice revient à une « amnésie de confort ». « Une amnésie utilitaire », enfonce le procureur adjoint Olivier Étienne, qui requiert deux ans de prison dont six mois avec sursis et une mise à l’épreuve.
« Pour être condamné, il faut des éléments matériels. Il n’y en a pas dans ce dossier. Rien ne permet de dire que ma cliente a laissé les enfants seuls », réplique Me Cécile Boulé, qui plaide la relaxe, en défense.
Et n’exclut pas, désormais, de faire appel du jugement.

http://www.sudouest.fr/2017/02/08/mort-d-un-bebe-un-an-ferme-pour-la-nounou-3178711-2780.php

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