jeudi 23 février 2017

Narbonne: l’employeur comparaissait pour homicide involontaire

S’il faillait résumer votre vie judiciaire, vous êtes un citoyen tout à fait normal", indique en préambule des débats le président du tribunal correctionnel.
Celui-ci s’adresse à Benoît (prénom d’emprunt) un chef d’entreprise du bâtiment de 34 ans, marié deux enfants, avec un casier judiciaire qui ne laisse apparaître aucune condamnation. Le prévenu devant le tribunal semble, toutefois, mal à l’aise, troublé, tourmenté… Benoît comparaît pour homicide involontaire ; « par la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité de prudence dans le cadre d’un travail » commis le 3 mars 2016 dans le Lézignanais.
« Je pensais que le véhicule n’était pas dangereux »
Les faits. En ce début du mois de mars, Christophe, 23 ans, un apprenti de Benoît, se met au volant de la fourgonnette de l’entreprise pour aller récupérer une bétonnière à quelques kilomètres de là. Il est un peu plus de 10 heures quand dans une légère courbe, Christophe perd le contrôle du véhicule et percute de plein fouet un ensemble routier arrivant en sens inverse.
Le jeune homme sera tué sur le coup. La mère de Christophe sort de la salle d’audience en pleurant. Le rappel des faits lui est insupportable. L’enquête de gendarmerie, forte des conclusions des experts, laisse apparaître que les deux pneus avants étaient lisses et qu’il y avait également un défaut de parallélisme.
  • 2 familles unies
La veille du terrible accident, deux employés de Benoît lui ont signalé le problème des pneumatiques. « Je pensais que le véhicule n’était pas dangereux, et que ça pouvait attendre le lendemain », déclare le chef d’entreprise à la barre. « J’ai touché de la main un des pneus, dans l’obscurité certes, mais ce véhicule je le conduis tous les jours, si j’avais su qu’il y avait un réel problème personne ne l’aurait conduit », affirme-t-il. « C’est un manquement aux conséquences catastrophiques », lui fait remarquer le président du tribunal. Benoît baisse la tête.
Assises l’une à côté de l’autre, les deux familles,celle du prévenu et celle de la victime. Ici, personne ne réclame vengeance, les deux familles ont été et restent unies malgré le drame. Pour le procureur de la République, « l’employeur devait assurer la sécurité, la faute délibérée ne fait aucun doute, elle est volontaire même si elle n’est pas intentionnelle ».
Et de demander une peine de 18 mois avec sursis. La défense parlera « d’une conjonction d’éléments. Du gas-oil sur la route, une chaussée humide aussi, un vent violent et le non-port de ceinture de sécurité même si, il est vrai, il y a e u négligence ». Le tribunal a condamné à 12 mois avec sursis le chef d’entreprise. Les deux familles sont reparties ensembles pour tenter de panser la terrible blessure.

http://www.lindependant.fr/2017/02/22/narbonne-l-employeur-comparaissait-pour-homicide-involontaire,2292615.php

Aucun commentaire: