vendredi 24 février 2017

Plus de 40 000 € de dégâts : la folle nuit de deux jeunes

Une élocution parfaite et soutenue pour l'un d'eux, qui rêve de devenir prof de maths. Deux casiers parfaitement vierges. L'un a même été bénévole dans une association d'aide aux enfants défavorisés ! Des regrets formulés à répétition pendant cette comparution immédiate hors du commun, hier matin, au tribunal correctionnel de Carcassonne. Mais dont l'issue n'aura finalement pas permis de comprendre pourquoi deux jeunes hommes, âgés de 18 et 19 ans, ont, au cours d'une nuit de folie, commis une série d'infractions et de dégradations gratuites. Évitant même par chance le pire : un accident qui aurait pu être fatal pour eux ou les piétons croisés pendant cette soirée arrosée.

«Mauvais film»

L'affaire remonte à la nuit du 18 au 19 février dernier. Ce soir-là, Léo et Maxime (1) doivent se rendre avec un petit groupe dans une discothèque chaurienne. Mais à proximité de l'établissement, les deux jeunes gens, qui se connaissaient peu, décident d'aller boire une bouteille de whisky dans un entrepôt situé à proximité. Léo connaît les lieux pour y être déjà allé il y a quelques années. A l'intérieur, les compères ne se contentent pas de siroter la boisson maltée. Des parebrises volent en éclat. Ils trouvent les clés d'un Renault Master. Et décident de prendre le volant, même s'ils n'ont jamais pris de leçon de conduite. Le portail de l'entrepôt est forcé. Ils passent devant la boîte de nuit et frôlent des clients avec l'utilitaire.
Puis ils décident de gagner un terrain de motocross à Labécède-Lauragais où ils forcent à nouveau une barrière. Pour «alléger» leur véhicule, ils déchargent une partie de sa cargaison : des jeux d'arcades, que le propriétaire de l'entrepôt devait livrer lundi.

«Tout n'est pas perdu mais tout a un prix»

Et pour finir cette folle nuit, ils mettent le feu au Renault Master. «Vous pensiez que vous ne vous feriez pas prendre. C'est vrai dans les mauvais films, pas ici !», a commenté Franck Alberti, avocat de la partie civile.
Son client estime son préjudice à plus de 40 000 €. Il a tenu à être présent, hier, au tribunal. «Je me suis déplacé pour essayer de comprendre pourquoi de tels jeunes ont pu réaliser autant de dégâts», a avancé l'entrepreneur. Sans aucune réelle réponse des deux prévenus, qu'il ne connaissait pas et avec qui il n'avait aucun contentieux.
«Je ne saurais l'expliquer.C'est l'alcool...», a confessé Maxime, qui comme son compère reconnaît tous les faits. «Mais vous auriez pu déguster cet alcool à l'extérieur, sans pénétrer dans ce bâtiment !», a fait remarquer la présidente, Céline Fleury. «Et comment avez-vous appris à conduire ?» «Avec des amis», a répondu Léo devant un tribunal interloqué.
Dans ses réquisitions, la vice-procureure Sun-Yung Lazare s'est montrée très pédagogue, expliquant aux prévenus que pour le seul vol et la destruction de l'utilitaire, ils risquaient dix ans de prison.
Le casier mais aussi la personnalité des prévenus ont plaidé en leur faveur. Le parquet a ainsi sollicité du travail d'intérêt général (TIG). «On leur montre ainsi que tout n'est pas perdu mais que tout a un prix. Il leur faudra indemniser les victimes».

«Dette sur le dos»

La défense – une fois n'est pas coutume –, est allée dans le sens du ministère public. «Cette affaire est une catastrophe pour la victime, mais aussi pour vous car vous partez à 18 ans avec une dette sur le dos !», leur a lancé Me Blondeau.
Le tribunal a suivi les demandes qui faisaient consensus tout en allégeant le quantum proposé par le parquet : 105 heures de TIG et six mois de prison avec sursis, avec l'obligation d'indemniser les victimes.
«Je ne vous impose pas de stage de citoyenneté. Je crois qu'avec cette audience, vous avez compris...», a conclu la présidente. Les deux prévenus ont acquiescé.
(1)Prénoms d'emprunt.

http://www.ladepeche.fr/communes/carcassonne,11069.html

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