À la fin du mois d’octobre 2013, Marie Hernandez, secrétaire comptable de la société d’économie mixte immobilière (Semib) de Blanquefort, qui gère près de 700 logements sociaux, prend sa retraite. Son départ coïncide avec la mise en service d’un nouveau logiciel qui permet un suivi plus rigoureux des encaissements. Quelques jours plus tard, un résident vient se plaindre. Il fait l’objet d’une relance alors qu’il a acquitté son loyer en liquide comme à l’accoutumée. Le directeur Alain Collen comprend rapidement qu’il dit vrai et appelle son ancienne subordonnée.
Marie Hernandez s’effondre. Depuis trois ans, elle délivrait certes des reçus aux locataires qui réglaient leur dû en espèces. Mais si parfois elle apportait l’argent à la banque, le plus souvent elle le conservait. Elle masquait ses détournements par des écritures, les fonds étant officiellement affectés sur un compte BNP inactif mais non clôturé. Peu regardants, l’expert-comptable et le commissaire aux comptes n’y ont vu que du feu.
« J’ai tout joué », avoue la retraitée qui a franchi à 683 reprises les portes du casino Barrière de Bordeaux Lac. Confondue, Marie Hernandez a entraîné son mari dans sa chute. Lors des perquisitions effectuées au domicile des époux, plusieurs centaines d’outils et de vêtements, dont beaucoup n’avaient pas été déballés, ont été découverts.
Philippe Hernandez les avait soustraits à l’usine Ford, où il travaillait. Condamné quelques années plus tôt pour des faits similaires il a récidivé, des collègues qui n’ont pas été interrogés par les enquêteurs, remplissant à sa place des bons de retrait de matériel. « Je suis un collectionneur » s’est-il défendu lors de sa garde à vue..
Pour surmonter des fins de mois plombées par les découverts, l’ancien ouvrier de Ford explique qu’il renflouait le budget du ménage avec de l’argent retiré à l’aide de sa carte de crédit Carrefour. Rien à voir, selon lui, avec les fonds ponctionnés par sa femme, dont il ignorait l’existence. S’il savait qu’elle jouait au casino il ne l’imaginait pas « accro » à ce point.
Que deux époux, mariés depuis plus de trente ans, aient autant de secrets l’un pour l’autre, laisse songeur la vice-procureure Marianne Poinot. La magistrate, qui requiert 6 mois de prison à l’encontre de chacun d’entre eux, est convaincu que l’abus de confiance avait un caractère conjugal. « Ce n’était pas Bonnie and Clyde, mais ce couple avait un comportement de spoliation de ses employeurs. »
La Semib de Blanquefort aurait pu contacter la totalité des locataires et recenser l’intégralité des paiements effectués en liquide. Elle ne l’a pas fait. Dans les deux mois ayant suivi le départ de Marie Hernandez, près de 70 000 euros ont été fictivement crédités sur le compte BNP. Par qui ? La réponse ne figure pas dans le dossier. La secrétaire avait à l’évidence les épaules larges.
« Il est impossible de déterminer le préjudice », s’exclame Me Arnaud Dupin en insistant sur l’addiction de sa cliente. « Elle prenait cet argent avec l’illusion qu’elle pourrait le remettre un jour dans la caisse. Mais à la fin, c’est toujours le casino qui gagne. » Délibéré le 9 février.
http://www.sudouest.fr/2017/02/04/elle-detournait-les-loyers-pour-jouer-il-volait-des-outils-chez-ford-3167358-2774.php
Marie Hernandez s’effondre. Depuis trois ans, elle délivrait certes des reçus aux locataires qui réglaient leur dû en espèces. Mais si parfois elle apportait l’argent à la banque, le plus souvent elle le conservait. Elle masquait ses détournements par des écritures, les fonds étant officiellement affectés sur un compte BNP inactif mais non clôturé. Peu regardants, l’expert-comptable et le commissaire aux comptes n’y ont vu que du feu.
« J’ai tout joué »
Qui aurait songé à soupçonner cette secrétaire de confiance salariée depuis trente-deux ans de la Semib de Blanquefort, dont la commune était l’actionnaire majoritaire ? 378 000 euros selon la gendarmerie, 325 000 euros si l’on se fie aux provisions passées par l’entreprise : nul n’est capable de chiffrer avec certitude l’ampleur du pillage.« J’ai tout joué », avoue la retraitée qui a franchi à 683 reprises les portes du casino Barrière de Bordeaux Lac. Confondue, Marie Hernandez a entraîné son mari dans sa chute. Lors des perquisitions effectuées au domicile des époux, plusieurs centaines d’outils et de vêtements, dont beaucoup n’avaient pas été déballés, ont été découverts.
Philippe Hernandez les avait soustraits à l’usine Ford, où il travaillait. Condamné quelques années plus tôt pour des faits similaires il a récidivé, des collègues qui n’ont pas été interrogés par les enquêteurs, remplissant à sa place des bons de retrait de matériel. « Je suis un collectionneur » s’est-il défendu lors de sa garde à vue..
« Pas Bonnie and Clyde »
L’instruction conduite par la juge Françoise Gambadchize n’a pas été un modèle du genre. « La procédure a été bâclée », accuse Me Julien Plouton, le conseil de Philippe Hernandez. Les comptes communs du couple, où apparaissent des remises d’espèces et de chèques, peuvent laisser penser que les loyers siphonnés n’ont pas tous été dilapidés dans des machines à sous. Mais les vérifications sont restées superficielles.Pour surmonter des fins de mois plombées par les découverts, l’ancien ouvrier de Ford explique qu’il renflouait le budget du ménage avec de l’argent retiré à l’aide de sa carte de crédit Carrefour. Rien à voir, selon lui, avec les fonds ponctionnés par sa femme, dont il ignorait l’existence. S’il savait qu’elle jouait au casino il ne l’imaginait pas « accro » à ce point.
Que deux époux, mariés depuis plus de trente ans, aient autant de secrets l’un pour l’autre, laisse songeur la vice-procureure Marianne Poinot. La magistrate, qui requiert 6 mois de prison à l’encontre de chacun d’entre eux, est convaincu que l’abus de confiance avait un caractère conjugal. « Ce n’était pas Bonnie and Clyde, mais ce couple avait un comportement de spoliation de ses employeurs. »
La Semib de Blanquefort aurait pu contacter la totalité des locataires et recenser l’intégralité des paiements effectués en liquide. Elle ne l’a pas fait. Dans les deux mois ayant suivi le départ de Marie Hernandez, près de 70 000 euros ont été fictivement crédités sur le compte BNP. Par qui ? La réponse ne figure pas dans le dossier. La secrétaire avait à l’évidence les épaules larges.
« Il est impossible de déterminer le préjudice », s’exclame Me Arnaud Dupin en insistant sur l’addiction de sa cliente. « Elle prenait cet argent avec l’illusion qu’elle pourrait le remettre un jour dans la caisse. Mais à la fin, c’est toujours le casino qui gagne. » Délibéré le 9 février.
http://www.sudouest.fr/2017/02/04/elle-detournait-les-loyers-pour-jouer-il-volait-des-outils-chez-ford-3167358-2774.php
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