mercredi 29 mars 2017

Du sang jusqu’au plafond

Une cuisine de 4 m². C’est dans cette pièce d’une vieille ferme de Nompatelize, près de Saint-Dié qu’un drame hallucinant s’est joué. C’était le 22 août 2010. André Gérardin, 71 ans, s’est fait méticuleusement tabasser par sa femme.
Cinq heures de calvaire qui dépassent l’entendement. Le septuagénaire qui était paraplégique, a été frappé à coups de béquille. Il a été mordu, griffé et piétiné. Il a eu une oreille à moitié arrachée. Lorsqu’il est arrivé à l’hôpital, il avait une température de 34°, souffrait de fractures au poignet et à la cheville et était couvert d’hématomes.

« C’était un homme détruit »

« Il n’y avait pas 10 cm² de son corps qui n’était pas blessé. C’était un homme détruit », témoigne, ce mardi, devant la cour d’assises de Nancy, l’adjudant Marchal, le gendarme qui a dirigé l’enquête.
La victime est décédée un an et demi après son supplice. Sans avoir revu son épouse tortionnaire. « Moi, j’aurais aimé le revoir », larmoie cette dernière. Un début de remords chez cette vieille dame à l’allure de mamie inoffensive, surnommée la « mère balai » pour son goût immodéré pour le ménage ? Pas vraiment. Elle poursuit : « Si j’avais revu mon homme, j’aurai pu lui dire : tu m’aurais écouté, tu serais pas tombé et je serais pas là ».
Car l’accusée affirme que tout se résume à une chute de son mari et à ses efforts pour le relever. Une thèse qui ne résiste pas aux constatations de police scientifique effectuées dans la cuisine de 4 m². « Il y avait des projections de sang jusqu’au plafond. Il n’y avait pas une seule partie de la cuisine qui n’était pas maculée de sang », relate l’adjudant Marchal.

« Je reconnais les conneries que j’ai faites »

« J’ai craqué, je n’en pouvais plus », confesse alors la retraitée. Un aveu ? Pas vraiment. Car dans la foulée, elle répète : « J’ai tout fait pour essayer de relever mon homme ». Elle s’accroche à son histoire de chute et va jusqu’à soutenir avoir essayé de remettre dans son fauteuil son mari en le mordant et le tirant par les oreilles (« son point faible »). Cela pourrait être risible, si les faits n’étaient pas aussi épouvantables.
La présidente Hologne tente de sortir l’accusée sa bulle de dénégations. Avec une patience de moine bouddhiste, la magistrate parvient à lui faire admettre les coups de béquilles. « Je l’ai fait… mais sans le vouloir », s’empresse de préciser la vieille dame qui use et abuse de la technique du « un pas en avant, trois pas en arrière ». Elle avoue, en revanche, sans réserve qu’elle ne supportait plus d’avoir à s’occuper de son mari handicapé. « Je regrette… Je ne pensais pas en arriver là » finit-elle par murmurer. Avant de lâcher, à bout d’argument : « Je reconnais les conneries que j’ai faites et puis voilà, c’est tout… » Me Boulanger, avocat de ses filles, la reprend : « Ce ne sont pas des conneries. Ce sont des actes de tortures et de barbarie ».

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2017/03/29/du-sang-jusqu-au-plafond

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