«L’affaire est dans le sac ou le tour est joué» a peut-être pensé Jonathan Guyot, raconte la procureure, en sortant du 36 quai des Orfèvres, avec à bout de bras ses paquets de course remplis de drogue au nez et à la barbe de tout le monde. Tel un «gamin des quartiers de Perpignan» promu au «36» et poussé par «une dynamique de tout-puissance» en ce mois de juillet 2014.
Avec Sophie, il forme un «couple modèle», parents d’un enfant d’un an, sans problème d’argent et hébergé par l’administration dans un logement à loyer modéré. Il n’est jamais à la maison mais il est «tout pour elle». «Un super-bon flic, intègre». Il a pris du galon et, 4 ans après sa titularisation, a intégré la prestigieuse brigade des stups de la PJ où il est apprécié de sa hiérarchie, perçu comme un élément prometteur, recruté par le groupe d’Auge en 2013. Un vrai groupe d’initiatives et il n’en manque pas. Même si tous les tontons doivent être scrupuleusement inscrits au bureau des sources et la course à l’échalote proscrite. Il raconte pourtant avoir appris «ces pratiques» peu recommandées auprès des chefs de groupe, au point d’être soupçonné une première fois d’avoir subtilisé une partie des perquisitions. Il passe à travers et se consacre à son «bébé : le «dossier des Périchaux». Lequel piétine cet été-là tandis que le groupe sort l’affaire du 18e arrondissement: 14 personnes interpellées et une saisie record de 52 kg de cocaïne placés sous scellés dans la salle aveugle du «36».
«Il flaire la bonne affaire», poursuit le ministère public. 24 heures après, il va repérer l’emplacement de la drogue. Il obtient le code secret par des collègues, se rapproche de Farid Kharraki (son tonton, NDLR) afin qu’il recherche des acheteurs pour écouler la cocaïne. Entre le 9 et le 20 juillet, il effectue une première sortie de cocaïne de 13 kg. Puis une seconde, filmée, de 6 kg dans la nuit du 22 au 23 juillet et une troisième, estimée à 30 kg, dans la nuit du 24 au 25 juillet.
Cinq jours plus tard, il part avec sa petite famille à Perpignan pour fêter les 2 ans de son fils, le mariage de sa mère et celui de sa sœur.
Serein, ou presque... Le 2 août, il est interpellé sur le parking d’Auchan, Porte d’Espagne. L’histoire de Jonathan Guyot dérape. Et avec lui, celle de toute sa famille et de ses amis d’enfance catalans. Sans que l’on ne retrouve jamais trace de la cocaïne...
Jonathan Guyot lui, ne fournira aucune explication, hormis ces quelques mots: «J’ai fait du «36» et je me suis brûlé les ailes».
NB: 5 ans de prison ont été requis contre Farid Kharraki, l’indic ; 3 ans avec mandat d’arrêt contre Moussa Bouzembrak (recherché) ; 3 mois de prison contre Sophie Guyot, l’épouse de Jonathan Guyot, Donovan Guyot, son frère, Nicolas Jaubert et Touati Mekhlerfi, ses amis d’enfance, et Patrick Busson, un copain policier ; une amende de 5000 à 7000 € contre Yossef Ifergan et 150 jours amende à 100 € contre Christophe Rocancourt (qui ne s’est pas présenté au procès).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire