jeudi 20 avril 2017

Quand un magistrat oublie de présider une audience à Marseille

En période de vacations, la justice marseillaise perd la tête. Ou la robe. Ou les deux à la fois. Au moins une fois l'an. On ne rappellera pas ici, sauf à porter la plume dans la plaie, l'épisode truculent du 26 août et de ses quinze heures d'audience, mais voilà encore un trophée à mettre au passif de la juridiction marseillaise.
À l'heure où devaient commencer hier après-midi les comparutions immédiates, nul n'a rien vu venir. Et surtout pas le magistrat Jean-Jacques Bagur qui devait présider l'audience. La greffière, puis la secrétaire générale de la présidence ont tout essayé. En vain. Le juge n'était ni dans son bureau ni joignable sur son portable.
A-t-il oublié de venir ? A-t-il pensé que l'audience n'était que jeudi après-midi ? Et personne n'a-t-il trouvé le temps de lui rappeler ses obligations ? Malaise ? Accident ? Mystère. Dans le box, cinq suspects en attente de comparution ont attendu et attendu encore. Les deux assesseurs étaient bien là, la greffière aussi, l'appariteur de même, le procureur également. Des jeunes du centre social de Font-Vert (14e), âgés de 12 à 16 ans, étaient venus pour assister à l'audience. Ils se sont posé quelques questions et n'ont pas eu de réponse. Sauf à constater, avec les yeux ingénus d'adolescents, que le président était aux abonnés absents ou qu'il avait déclaré forfait.
Du coup, on a fait appel au "pompier" de circonstance, le "pompier" étant chez les magistrats un juge du siège susceptible de pallier absences inopinées, retards, malaises et autres chutes fortuites de gens de robe.

"Nous les avocats, on est plutôt des pyromanes !"

Les avocats présents auraient bien joué le "pompier" de circonstance. Ils se seraient volontiers dévoués pour présider, mais le code de procédure pénale ne le prévoit pas. "Non, nous, on est plutôt des pyromanes !", aimait à commenter hier, avec un soupçon d'autodérision, l'un des pénalistes.
À 15 h 50, finalement, l'audience a pu commencer - soit avec une heure cinquante de retard -, le temps que la présidente - la remplaçante - Sophie-Marie Boyer puisse découvrir les dossiers, car elle n'en savait rien deux heures plus tôt. On attendait quand même des excuses de la part du tribunal, car avocats, prévenus, policiers de la garde du palais et le vice-procureur Sylvie Marchelli commençaient à avoir très chaud. Un adolescent a demandé si la climatisation ne pouvait pas venir au secours de ce tribunal surchauffé tout à coup mué en salle d'attente. Mais non, pas le moindre début de commencement d'une excuse... Un tribunal, apparemment, ne s'excuse pas.
Allez ! Et si on condamnait le président Bagur à un petit sursis avec mise à l'épreuve avec obligation de pointer au tribunal, chaque jour, à 14 h ? Voilà une peine qui serait de bon aloi. Et ferait bonne loi. En espérant qu'il ne lui soit quand même rien arrivé de grave.
divers - Justicehttp://www.laprovence.com/faits-divers

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