lundi 5 juin 2017

Nord: L’affaire des steaks hachés contaminés à la bactérie E. coli devant la justice

L’affaire avait fait grand bruit en 2011. Deux anciens dirigeants de SEB, fournisseur à l’enseigne Lidl de steaks hachés, vont comparaître, de mardi à jeudi, devant le tribunal correctionnel de Douai, dans le Nord, pour avoir manqué à des contrôles sanitaires. Leurs produits, contaminés par la bactérie E. coli, avaient rendu gravement malade une quinzaine de personnes - la plupart des enfants- en juin 2011.

Graves lésions neurologiques

L’Agence régionale de santé (ARS) du Nord-Pas-de-Calais avait alerté sur ces cas d’intoxications alimentaires. L’une des victimes, âgée à l’époque de 2 ans, garde aujourd’hui de graves lésions neurologiques : sa motricité est limitée à 10 % et ses facultés intellectuelles diminuées.
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Beaucoup d’autres ont développé un syndrome hémolytique et urémique (SHU), qui a de fortes probabilités de perturber à vie le fonctionnement des reins.
L’enquête a établi que plusieurs des victimes avaient consommé des steaks hachés surgelés fabriqués par SEB et commercialisés chez Lidl sous la marque « Steak Country ».

Société liquidée fin 2011

SEB, entreprise de transformation de viande basée à Saint-Dizier, dans la Haute-Marne, employait alors 140 salariés et fabriquait deux millions de steaks par semaine sur ses deux sites. La chaîne de distribution allemande Lidl, qui remplissait entre 50 et 70 % du carnet de commandes de SEB, a rompu son contrat après ces révélations
La société ayant été liquidée fin 2011, ce sont deux de ses dirigeants qui sont poursuivis : Guy Lamorlette, 76 ans, son créateur et gérant depuis 1966 et Laurent Appéré, 46 ans, le responsable qualité et hygiène.
Ils sont soupçonnés de « blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois » et « tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l’homme ».

Plan de maîtrise sanitaire modifié

L’enquête a mis au jour que la société avait unilatéralement modifié, début 2011, le Plan de maîtrise sanitaire (PMS), sans en référer aux services vétérinaires de l’État : au lieu de contrôler systématiquement ses steaks, issus d’un mélange de viande à la découpe et de viande de carcasses, SEB ne contrôlait plus que des lots aléatoires.
Entre autres manquements, à plusieurs reprises l’entreprise avait omis de conduire des analyses spécifiques à la recherche d’E. coli0157H7, une souche dangereuse de la bactérie E. coli.
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L’avocate de l’enfant le plus gravement atteint et de sa famille, Me Florence Rault, jointe par l’AFP, craint pour les débats au procès, car ses clients anticipent, « très angoissés », les « dénégations » des prévenus : « L’employé dit + C’est le patron qui m’a dit de pas respecter le cahier des charges + et le patron dit qu’il n’a jamais demandé ça, on est dans une cour de récréation ! »
De son côté, la défense n’a pas souhaité s’exprimer avant le procès.

Mise en cause des pratiques de l’industrie de la viande

Au-delà des réparations données aux victimes, les débats pourraient aussi être l’occasion d’une mise en cause des pratiques d’une partie de l’industrie de la viande visant à baisser les prix.
« Les consommateurs ont subi plusieurs incidents depuis quelque temps, c’est un problème de santé publique qui concerne souvent principalement des enfants, plus fragiles », dénonce Robert Bréhon, de l’UFC-Que choisir de Lille, qui s’est constituée partie civile au côté de la plupart des victimes et de Lidl, qui estime avoir été trompé.
« Au-delà du pénal, Lidl a une responsabilité morale, assure-t-il. L’enseigne aurait dû être plus intransigeante, mettre en place un système de contrôle beaucoup plus pointu. »

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