vendredi 28 juillet 2017

Affaire Grégory : le secret espoir de Jean-Marie Beney, ancien procureur général à Dijon

Sans lui, le dossier se dirigeait vers la prescription et l’affaire Grégory serait peut-être enterrée à tout jamais. Actuel procureur général à Metz, Jean-Marie Beney, 59 ans, était en poste à Dijon quand, en 2007, Christine et Jean-Marie Villemin ont sollicité la réouverture de l’enquête. Celui qui a fait ses études et son droit à Nancy a reçu les parents de Grégory début 2008. « J’ai senti une excellente connaissance du dossier, surtout de la part de Jean-Marie Villemin. Par ailleurs, quand ils disaient qu’ils voulaient savoir la vérité, j’ai eu le profond sentiment que ce n’était pas une phrase convenue ».
En juillet 2008, le magistrat prend des réquisitions de réouverture de l’affaire, réquisitions suivies à la lettre par la chambre de l’instruction.
Après avoir fait une étude de faisabilité auprès d’un laboratoire spécialisé, Jean-Marie Beney préconise la recherche d’empreintes génétiques sur certains scellés (vêtements de l’enfant, cordelettes ou encore courriers), analyses qui n’avaient jamais été diligentées.
Des ADN seront bien découverts. Mais cela ne suffira pas. Les experts se heurtent à « des mélanges inexploitables » ou tombent sur des empreintes génétiques qui appartiennent à des acteurs qui ont tripoté les scellés (gendarmes, magistrats, experts). Enfin, certains ADN restent non identifiés, ils ne matchent pas avec ceux contenus dans le FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques).

« En paix avec sa conscience »

« Les expertises de voix, elles, n’étaient pas réalisables », glisse Jean-Marie Beney, qui a quitté Dijon pour Metz en 2013. « Quand je suis parti, où en étions-nous ? Il était clair que dans la rédaction de certaines lettres du corbeau, il y avait une parfaite connaissance de ce qui se passait chez les grands-parents de Grégory (NDLR : à Aumontzey). Ce qui ne pouvait venir que de la famille, de voisins ou de gens qui observaient de façon très attentive et très lointaine ce qui se passait chez Albert et Monique Villemin ». Des gens qui, selon les gendarmes de la SR de Dijon, seraient Marcel et Jacqueline Jacob, soupçonnés de surveiller les grands-parents avec des jumelles. « En tout cas, quand je pars, la question est ouverte ».
Le magistrat suit avec attention les événements actuels. « Je soutiens à 100 % ce qui se fait actuellement, même si c’est un peu en contradiction avec ce que j’avais dit aux époux Villemin, c’est à dire que la justice s’appuierait surtout sur des supports scientifiques comme l’ADN. Je ne connais pas les détails du dossier mais, à mon avis, on ne pouvait pas s’arrêter au milieu du gué. Et si la présidente de la chambre de l’instruction a mis des gens en examen, c’est parce qu’elle a contre eux des indices graves et concordants ». Comment voit-il la suite ? Est-il optimiste ? « Mon secret espoir est que l’un des protagonistes veuille se mettre en paix avec sa conscience. Il y a eu des précédents dans d’autres affaires… ».
Grégory Villeminhttp://www.estrepublicain.fr/faits-divers/gregory-villemin

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