samedi 1 juillet 2017

Cinq ans avec sursis pour le mari modèle de 92 ans jugé pour avoir tué sa femme

Il encourait en principe la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir étranglé Jacqueline, sa femme, dans un appartement de la rue Masséna à Menton.
Il encourait en principe la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir étranglé Jacqueline, sa femme, dans un appartement de la rue Masséna à Menton. Maurice(1), 92 ans, a été condamné hier à cinq ans de prison avec sursis.
Le procureur de la République ne s'était pas précipité pour renvoyer le vieil homme devant la justice. Maurice, qui avait eu jusque-là une santé de fer, avait perdu 10 kg en deux mois, miné par une douleur intolérable. Le charcutier à la retraite était persuadé d'être rongé par un cancer.
Jacqueline, l'amour de sa vie, présentait les premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer. "Elle me répétait : ne me laisse pas toute seule ", raconte l'élégant retraité. Le couple, fusionnel, avait fait le choix de ne pas avoir d'enfant.
"Je lui parle tous les soirs"
Le matin du 7 juin 2014, Maurice a pris sa ceinture, a serré le cou de sa femme de toutes ses forces. Un geste qui mettait fin à soixante-huit ans de vie commune, soixante-huit ans de bonheur. Il a ensuite avalé une cinquantaine de somnifères et s'est coupé les tendons du poignet. Il a été sauvé grâce à la présence d'esprit de la gardienne.
Aujourd'hui, le nonagénaire, pensionnaire d'une maison de retraite, se porte comme un charme. Il est venu chercher sa condamnation "pour pouvoir faire [son] deuil, retrouver un peu plus de sérénité", précise-t-il. "Je lui parle tous les soirs", ajoute l'émouvant vieux monsieur, en sanglots devant la cour et les jurés.
L'avocat général Sylvie Canovas s'appuie sur l'expertise psychiatrique du Dr Patrick Saget pour évoquer "l'altération du discernement" de Maurice, au moment du drame, submergé par "un raptus anxieux", "un désespoir aigu". Après son geste irréparable, le retraité a été hospitalisé en milieu psychiatrique pendant trois mois avant de rejoindre une maison de retraite traditionnelle.
Discernement altéré
L'avocat général Sylvie Canovas, au nom de la société, requiert une peine avec sursis à l'encontre "d'un travailleur" (il a exercé son métier pendant 52 ans), "d'un homme d'honneur", (...) "un homme rigoureux qui n'a jamais eu une contravention de sa vie".
"Vieillir, c'est accepter de se faire aider", souligne le magistrat de l'accusation, en reprenant les propos du psychiatre qui comparait jeudi, Maurice et Jacqueline à un château de cartes, se soutenant l'un l'autre. Quand l'un a défailli, tout s'est effondré. Me Emmanuel Moncho-Philippe décrit "un couple idéal mais réel, un couple à la Peynet". L'avocat grassois n'exclut pas que le cocktail de médicaments (corticoïdes et somnifères) ait modifié le comportement de Maurice. Tout au long des débats, l'accusé a répété : "Je n'avais plus ma raison. Comment voulez-vous que je conçoive un acte aussi terrible ? Je n'étais pas moi-même. Au plus profond de moi, je suis innocent."
Pour l'avocat de la défense, "le consentement de Maurice était aboli" au moment du drame. Autrement dit, le retraité ne peut être tenu responsable pénalement de son acte. Un pas que n'ont franchi ni les experts ni les jurés.


                                      Faits-Divers http://www.nicematin.com/sujet/faits-divers

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