lundi 24 juillet 2017

Il roue de coups sa sœur devant son lycée

Petite lunette d'intello, chemisette à carreaux et petite barbe, Medhi (le prénom a été modifié) tranche avec les «institutionnels» du tribunal correctionnel, ce vendredi matin. Discours policé, phrasé maîtrisé, le Montalbanais de 20 ans qui était poursuivi pour des violences commises contre sa sœur devant son lycée, le 31 janvier dernier, livrait une version bien éloignée avec celle de la victime, absente au procès et depuis placé en urgence pour échapper à la violence de ce frère très protecteur. «À la base de notre conflit, ce sont ses fréquentations qui l'ont conduite à sécher les cours, qui m'ont alerté : en aucun cas sa tenue. Je lui ai demandé de monter dans mon auto, elle a refusé. Elle était avec ses copines... L'effet de groupe a créé cela et des proportions énormes», certifiait le jeune homme qui était venu accompagner de ses parents.

Il sort de son auto, et tire sa sœur par les cheveux, lui fait une balayette et la frappe au sol

La lecture des faits qui ont eu lieu devant le lycée Bourdelle brossait une tout autre histoire. «Vous passez devant l'établissement, vous appelez votre sœur et vous lui faites savoir que vous n'êtes pas content de sa tenue vestimentaire. «Tu es habillée comme une pute (sic)!» lui dîtes-vous. Elle refuse de monter dans votre véhicule, vous sortez en lui disant : «Moi, tu me dis non ! Tu fais la belle devant tes copines, moi je vous prends toutes et je vous e.... (sic)!» Et le magistrat de décrire les violences qui suivaient, le tout ayant été filmé par des témoins ainsi que la vidéosurveillance du lycée : «Vous l'attrapez par les cheveux, cognez sa tête contre l'auto. Une fois au sol, vous continuez à la rouer de coups».
Entendue par les policiers, la victime de seize ans dévoilait un contexte de violences régulières, ayant conduit à son placement d'urgence par le procureur de la République et le juge des enfants. «Vous êtes son frère, pas son père, vous n'êtes pas légitime», lui indiquait le président Godon qui tentait de sonder ce prévenu qui était tout dans la maîtrise. «Oui» «Votre sœur parle de divergence religieuse, vous voulez la recadrer?», insistait le juge. «Je ne vois pas ce que la religion à avoir dans tout cela», répondait un brin agacé le prévenu qui dévoilait le profil d'un élève sérieux, voire rigoureux ayant réussi un BTS de transport et logistique, inscrit l'an prochain en licence et vivant avec sa petite amie qui «s'habille comme elle veut».

«Vous êtes un manipulateur»

Un tableau de «gendre idéal» auquel ne croyait pas le substitut du procureur. «Ce qui m'a convaincu dans ce dossier, ce sont les échanges de SMS entre votre sœur et sa mère alors qu'elle était au commissariat pour déposer plainte. «S'ils te demandent, s'il t'a déjà frappée, tu vas dire quoi?» demande votre mère. «Je ne sais pas», répond votre sœur. «Il risque d'aller en prison!», poursuit votre mère. «Ne vous fiez pas aux apparences sur cet individu inséré socialement, professionnellement, tempêtait Mathias Marchand. Un individu qui a l'extérieur à tout du gendre idéal, il n'est pas que ça», requérait le magistrat du ministère public en réclamant une peine de six mois sursis et un stage de citoyenneté compte tenu du casier judiciaire vierge du prévenu. «Je ne suis pas étonnée de son attitude, il présente bien, il est apprécié de tous. Ce n'est pourtant qu'une façade. Une fois la porte fermée, il fait vivre un véritable enfer à sa famille», plaidait Me Amélie Piazzon pour la partie civile qui allait jusqu'à dire que sa cliente «avait eu de la chance d'avoir été frappée en public.». Et d'insister : «La seule erreur pour ce manipulateur, c'est d'avoir fait cela en public. Ma cliente aujourd'hui a perdu 10 kilos, elle est psychologiquement brisée et souffre d'un syndrome de stress post-traumatique aigu». Tentant de relativiser les débats, Me Caroline Chérel, pour la défense, parler d'une simple affaire de «bagarre entre frère et sœur. Pas d'une correction. Elle sèche les cours... Lui, c'est un élève brillant, il veut le meilleur pour sa sœur. Il a pris son devoir de grand frère trop au sérieux.» Pas convaincu, le président Thomas Godon suivait les réquisitions : six mois sursis et 1 000 € à régler du frère à sa sœur pour le préjudice moral.

Montaubanhttp://www.ladepeche.fr/communes/montauban,82121.html

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