jeudi 26 octobre 2017

Marcel Jacob veut revoir les Vosges

«J’ai demandé à la justice de faire preuve d’humanité. » C’est avec ces premiers mots que Me Stéphane Giuranna, l’un des deux avocats de Marcel Jacob, s’est adressé à la presse hier en fin de matinée, à la sortie de l’audience de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon. Elle examinait la demande de modification du contrôle judiciaire du septuagénaire vosgien. Ce dernier souhaite revenir habiter chez lui, sur les hauteurs d’Aumontzey (Vosges).
Marcel Jacob, 72 ans, a été mis en examen le 16 juin dernier pour enlèvement et séquestration suivis de mort puis, après quatre jours en détention, a été placé sous contrôle judiciaire strict, assigné à résidence dans un petit village de Haute-Marne, entre Chaumont et Joinville. Il a aussi interdiction de rencontrer son épouse Jacqueline, 73 ans, également mise en examen et placée sous contrôle judiciaire, elle, en Alsace.
Les gendarmes de la section de recherches de Dijon soupçonnent Marcel Jacob d’être l’auteur de l’assassinat du petit Grégory, perpétré, selon les militaires, après l’enlèvement de l’enfant par Bernard Laroche en compagnie de Murielle Bolle. Jacqueline Jacob, elle, serait impliquée dans la rédaction de deux courriers anonymes de mars et avril 1983.
Lors de l’audience d’hier, à huis clos, Mes François Saint-Pierre et Marie-Christine Chastant-Morand, deux des avocats des parents de Grégory, n’ont pas pris de position tranchée : « Pour nous, le contentieux de la détention provisoire et du contrôle judiciaire est en effet un débat entre le ministère public et la défense. »
Le procureur général Jean-Jacques Bosc s’est quant à lui opposé à cette modification du contrôle judiciaire du grand-oncle de Grégory, arguant d’un risque de concertation du couple avant les auditions au fond, prévues les 10 et 17 novembre prochain.
« Le crime a eu lieu il y a trente-trois ans », note Me Giuranna. « Franchement, si les Jacob avaient eu besoin de se mettre d’accord sur une version commune, je pense qu’ils l’auraient déjà fait, non ? Mon client a été arraché à sa vie privée. La justice l’a jeté dans un département qui n’est pas le sien, dans un quotidien qui n’est pas le sien. »
La chambre de l’instruction de Dijon a mis sa décision en délibéré à demain (16h). Elle devrait profiter de cette occasion pour rendre également son arrêt dans la demande de mainlevée du contrôle judiciaire de Jacqueline Jacob, demande qui sera examinée demain matin.
Les prochains interrogatoires des 10 et 17 novembre interviendront au lendemain du retour de plusieurs commissions rogatoires. Au centre des préoccupations de la justice, des vérifications sur la « rouste » qu’aurait reçue Murielle Bolle le soir du 5 novembre 1984, après ses déclarations incriminant Bernard Laroche, ou encore l’alibi de Marcel Jacob. Il y a quelques jours, Me Giuranna a en effet assuré qu’un tableau des emplois du temps figurait au dossier. « Avec la mention "Vérifié auprès de l’employeur"» concernant la journée de travail que son client affirme avoir effectuée le jour du crime.
Hier, lors de l’audience, Claire Barbier, la juge en charge du dossier et qui préside la chambre de l’instruction, a glissé à l’avocat du septuagénaire que ce tableau n’était accompagné d’aucun procès-verbal de vérification. « En fait, quand on reprend la liste des personnes qui figurent dans ce tableau », avance Me Giuranna, « on s’aperçoit que pour la quasi-totalité d’entre elles, il n’y a pas de procès-verbal. Question : la juge d’instruction ne ferait-elle donc pas confiance aux gendarmes ? Dans ce cas, il va falloir reprendre les alibis de tout le monde… »
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