vendredi 12 janvier 2018

Nordahl Lelandais : après Maëlys et le caporal Noyer, les enquêteurs ont-ils avancé dans d'autres dossiers?

Mis en examen dans les affaires Maëlys et Noyer, Nordahl Lelandais a-t-il pu commettre d'autres crimes? La question a été ouvertement posée par le procureur de Chambéry Thierry Dran fin décembre quand, annonçant la mise en examen de l'ancien militaire dans le cadre de la disparition du caporal Arthur Noyer, il a prononcé ces mots : "Nous allons regarder toutes les disparitions inquiétantes qui ont eu lieu dans la région." A savoir : la Savoie et la Haute-Savoie. Depuis, plusieurs dossiers de personnes disparues ont été évoqués, soit par les médias, soit par les familles des disparus elles-mêmes, parmi lesquelles celle d'Estelle Mouzin, même si la piste Lelandais a depuis été refermée en raison de la présence du suspect en Guyane au moment de la disparition de la petite fille, en Seine-et-Marne, en janvier 2003.

La cellule de coordination ne va pas se substituer aux services déjà saisis 

Une cellule de coordination est sur le point d'être créée, indique au JDD une source proche du dossier, confirmant une information donnée par RTL et L'Express. Composée par "cinq ou dix enquêteurs du Service central du renseignement criminel (SCRC)", elle est chargée de retracer le passé et l'itinéraire de l'ancien maître-chiens de l'armée. En réalité, les enquêteurs travaillent déjà depuis un mois. 
Pour eux, il s'agit d'un travail de renseignement destiné à faciliter les échanges futurs avec les magistrats saisis dans les différents dossiers de disparitions. Les services de gendarmerie et de police déjà saisis des différents cas, notamment les sections de recherche de Chambéry et de Grenoble dans les affaires Noyer et Maëlys, restent en charge du dossier, pour mener par exemple les éventuelles auditions et les différents actes de procédure.

Comment les enquêteurs vont travailler 

Les enquêteurs devront d'abord faire le tri parmi tous les dossiers de disparitions : plus de 40.000 personnes disparaissent chaque année en France, 30.000 sont retrouvées. En reste donc 10.000 non élucidées chaque année. Plusieurs questions se posent :
  • Faut-il se limiter dans un premier temps à la zone géographique des disparitions de Maëlys et du caporal Noyer, à savoir le secteur Isère-Savoie? La réponse semble être négative, les enquêteurs de la cellule travaillant déjà sur la disparition du jeune Lucas Tronche dans le Gard (lire ci-après).
  • Jusqu'à quelle date faut-il remonter? Selon une source proche du dossier interrogée par le JDD, les enquêteurs du SCRC vont s'intéresser au passé de Nordhal Lelandais depuis qu'il a été réformé de l'armée pour "troubles psychologique", soit avril 2005. La période est longue.
  • Faut-il se concentrer dans un premier temps sur les disparitions nocturnes? Maëlys et Arthur Noyer ont en effet tous deux disparu dans la nuit, vers 3 heures du matin. 
Pour chaque dossier rouvert, les enquêteurs vont chercher à savoir si Nordahl Lelandais se trouvait à proximité des lieux où ces personnes ont disparu. Comment?
  • Etude de la téléphonie mobile de l'ancien militaire 
  • Eventuelle présence de son véhicule signalée dans le secteur des disparitions (son Audi A3 est l'un des éléments clés dans les dossiers Maëlys et Noyer).
  • Examen des moyens de paiement (CB, mouvements sur ses comptes bancaires)
  • Assedic, remboursements de Sécu et autres prestations sociales
  • Témoignages des proches
  • Activités sportives et professionnelles
Mais certains moyens sont limités. Par exemple, l'étude de la téléphonie mobile (le fameux "bornage" des téléphones), qui a été centrale dans les enquêtes sur Maëlys et Arthur Noyer - avec, à chaque fois, un suspect qui met son téléphone en mode avion juste avant l'heure de la disparition puis le réactive chez lui, à Domessin -, est circonscrite dans le temps : la loi oblige les opérateurs à conserver les données durant un an. "Après, c'est très variable selon les opérateurs", avait ainsi expliqué une source au JDD fin décembre.
Toutes les données collectées seront intégrées au logiciel AnaCrim, logiciel qui permet de recouper les informations de différentes affaires et qui s'était notamment révélé très utile dans les derniers rebondissements de l'affaire Grégory.

De quels autres dossiers de disparus parle-t-on?

Outre Estelle Mouzin, un autre dossier a été écarté selon RTL : celui de la tuerie de Chevaline, quand trois membres d'une famille britannique et un cycliste avaient été tués par balles sur une route forestière de Haute-Savoie, le 5 septembre 2012.
D'autres dossiers sont sur le bureaux de cette équipe spéciale, notamment, donc, celui de Lucas Tronche, cet adolescent disparu à Bagnols-sur-Cèze en 2015, comme l'a annoncé jeudi matin BFM. Le jeune homme, âgé de 15 ans à l'époque des faits, avait disparu le 18 mars 2015, vers 17h15, alors qu'il se rendait à un arrêt de bus pour rejoindre son cours de natation.
"Toute vérification, quelle qu'elle soit, va dans le sens de la recherche d'éléments sur ce qui a pu arriver au jeune Lucas Tronche. C'est un dossier qui dure depuis presque trois ans, on n'a jamais eu une piste sérieuse", a commenté l'avocate de sa famille, Maître Isabelle Mimran, sur la chaîne. Selon BFM, Nordhal Lelandais connaît bien la zone, certains de ses proches, dont sa filleule, habitant dans la région. Il y aurait effectué plusieurs déplacements. 
De même source, des vérifications vont également être faites dans le dossier de la disparition d'Antoine Zoia, un adolescent de 16 ans porté disparu depuis le 1er mars 2016. Là aussi, les faits se sont déroulés dans le Gard. Le jeune homme a disparu à Clarensac, près de Nîmes, alors qu'il se rendait au bureau de tabac. 
Les enquêteurs étudient également d'autres dossiers, comme les disparitions de Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou, à un an d'intervalle, en marge du festival électro Elements au Fort de Tamié, près d'Albertville ; ou encore celle d'un jeune cuisinier, Adrien Mouralmié, en juillet 2017 près d'Annecy.

Les témoignages des familles de disparus

Dans son numéro à paraître vendredi, Society a interrogé les proches de plusieurs disparus. On y apprend notamment que la soeur de Jean-Christophe Morin, Adeline, connaissait le frère de Nordahl Lelandais, prénommé Sven. Leur rencontre date de septembre 2016 - Jean-Christophe Morin a disparu en septembre 2011 - alors qu'Adeline Morin travaillait pour une association d'aide aux personnes en difficultés. Sven Lelandais l'avait à l'époque contactée via Facebook pour trouver un travail. Ils se sont vus à deux reprises. "C'est possible que tout cela ne soit qu'une coïncidence, mais ça me perturbe", a-t-elle confié au magazine.
Autre disparition, autre anecdote : celle d'Ahmed Hamadou en septembre 2012. La nièce de Farida Hamadou, soeur du disparu, était au collège à Pont-de-Beauvoisin avec Nordahl Lelandais. Society évoque aussi le cas du fils de Jacques Bonnet, dont la moto et le casque ont été retrouvés à l'entrée du tunnel de Siaix, en Savoie, en janvier 2014, et qui n'a plus jamais donné signe de vie. La liste des enquêteurs pourrait bien s'allonger de jour en jour. Pour rappel, dans les dossiers Maëlys et Noyer, l'ancien militaire nie toute implication.
Faits divers http://www.lejdd.fr/Societe/Faits-divers

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