mardi 12 avril 2011

Le commanditaire du meurtre du juge Michel à nouveau jugé

Le « Blond » est de retour devant la justice. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1988 par la cour d'assises d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour avoir ordonné, de sa cellule, le meurtre du juge Pierre Michel, en 1981, François Girard, 62 ans, comparaît pour « association de malfaiteurs » en raison d'un trafic international de cocaïne, en 2008 et en 2009, entre l'Amérique latine et la France. Sorti de prison en 2005 à la suite d'une suspension de peine accordée en raison de graves problèmes cardiaques, il comparaît mardi et mercredi devant la 7e chambre du tribunal correctionnel de Marseille (Bouches-du-Rhône). A ses côtés, cinq autres prévenus dont une femme : Yves Castellano, 63 ans, André Davigny, 48 ans, Franck Salimo, 37 ans, Christophe Petrillo, 43 ans, et Alexandra Chrysokoides, 41 ans. Depuis son arrestation, le 25 août 2009 à Fréjus (Var), François Girard nie toute implication dans cette affaire. Mais la justice le soupçonne d'avoir joué un rôle de financier et d'organisateur dans ce projet.

Ecoutes téléphoniques

Selon l'accusation, à partir de la fin de l'année 2008, le « Blond » est en relation avec Yves Castellano, dit « Robert », et André Davigny, alors en cavale – il avait été condamné pour infraction à la législation sur les stupéfiants. Les contacts s'opèrent par l'intermédiaire d'Alexandra Chrysokoides, la compagne de Davigny, qui a par ailleurs eu une relation avec François Girard. Face aux enquêteurs, les deux hommes justifieront leurs rencontres par le règlement de ce différend amoureux... Si Castellano assure que Girard est étranger à la procédure, le « Blond » ne parviendra pas à justifier plusieurs de ses entrevues avec le fuyard, notamment en juin 2009.
Menée par un juge d'instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, l'enquête mettra en évidence des conversations téléphoniques codées entre les différents protagonistes du dossier. Il y est question de rendez-vous, de remises d'argent, de déplacements. Les écoutes révèlent aussi qu'Yves Castellano, le propriétaire d'un voilier de 16 mètres de long, le Richard-II, « projette un voyage à destination des Antilles »...

« De la chance... »

Le départ est prévu en avril 2009, pour deux mois. Fin mars, Davigny et Castellano naviguent vers l'Espagne puis les Antilles. Début mai, le Richard-II est au large du Cap-Vert. Castellano reçoit alors un appel d'un homme avec « un fort accent marseillais ». Il parle de « musiciens », « qui doivent commencer à jouer de la musique vers 19 heures ». Le 25 mai 2009, le voilier est intercepté en haute mer par la Marine nationale. Aucune drogue n'est retrouvée à son bord, et le bateau peut reprendre sa route. Mais au cours d'une conversation téléphonique, trois jours plus tard, Castellano confie à sa femme qu'il a « eu de la chance » et se félicite d'avoir pu se débarrasser de son téléphone portable. A leur retour en France, de nouvelles rencontres ont lieu entre Girard et Davigny. Ils sont interpellés quelques jours plus tard.
Face aux enquêteurs, les trois hommes nient tout trafic. Mais Alexandra Chrysokoides déclare avoir appris au dernier moment que « Davigny et Castellano allaient en Espagne afin de partir en Amérique du Sud charger une cargaison de cocaïne ». Elle affirme que son compagnon « l'a utilisée à son insu comme intermédiaire ». Avant de revenir sur ses accusations. Annick Castellano parle, quant à elle, d'un « projet » de son mari portant sur un trafic de cocaïne à destination du Cap-Vert à l'aide du Richard-II, devant lui rapporter entre 200.000 et 300.000 €. Elle évoquera plus tard, devant le juge d'instruction une simple « affaire au Cap-Vert » : son mari aurait voulu, en fait, acheter un restaurant en Espagne...
http://www.francesoir.fr/actualite/justice/commanditaire-du-meurtre-du-juge-michel-nouveau-juge-90876.html

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