En mai 2002, onze Français travaillant à la construction de sous-marins étaient tués dans un attentat à Karachi. La piste islamiste, initialement privilégiée, a fait place au fil du temps à celle d'une action commanditée par des militaires pakistanais qui auraient été mécontents de l'arrêt du paiement des commissions liées à la vente de ces sous-marins, ordonné par Jacques Chirac après son élection en 1995
Aujourd'hui, l'un des noms les plus fréquemment cités dans ce dossier, Ziad Takieddine, contre-attaque. Agé de 59 ans, Ziad Takieddine est présenté par plusieurs anciens responsables de la Direction des constructions navales comme un intermédiaire imposé par le cabinet de l'ancien ministre de la Défense balladurien, François Léotard, peu de temps avant la conclusion de la vente au Pakistan des sous-marins Agosta. Ce dont il se défend. Et il riposte en dénonçant le rôle de l'ancien président Chirac et de ses proches dans les commissions sur les contrats d'armement.
La version de Ziad Takieddine
"J'accuse Jacques Chirac et Dominique de Villepin, à l'Elysée, et leurs hommes, le diplomate Maurice Gourdault-Montagne et, notamment, un homme de l'ombre Alexandre Djouhri, d'avoir par leurs agissements, fait que la France passe aujourd'hui pour un des pays les plus corrompus au monde et ne vende plus rien à l'international", affirme l'homme d'affaires libanais dans un entretien au Journal du dimanche. Entendu le 15 avril par le juge antiterroriste enquêtant sur cet attentat, Ziad Takieddine soutient n'avoir "rien eu à voir" avec le contrat de sous-marins Agosta. Il a depuis attaqué en justice plusieurs médias le présentant comme un intermédiaire et soutenu dans la presse être victime d'une "tentative de diversion" des chiraquiens. "Si j'étais, comme ils le prétendent, un intermédiaire des balladuriens, pourquoi sont-ils venus me voir, via Charles Millon, à peine nommé ministre de la Défense de Chirac, pour me proposer de travailler pour eux ?", plaide-t-il dans le JDD. En 1996, Charles Millon avait bloqué à la demande de Jacques Chirac le versement de commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions dans les contrats de ventes d'armes.
Ziad Takieddine évoque également la lutte entre Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et l'Elysée au cours des années 2000 pour s'imposer dans le contrat Miksa de fourniture d'équipements surveillance des frontières saoudiennes, évoquant une proposition commerciale "émanant des chiraquiens de 22% plus chère" que celle présentée par le ministère de l'Intérieur. Il prétend ainsi avoir été contacté en janvier 2004 par le général Philippe Rondot, qui lui aurait été envoyé par l'Elysée. "Il arrive et me parle du contrat Miksa avant de me proposer un "partage" des commissions entre chiraquiens et sarkozystes (...) Je me suis levé pour le reconduire poliment", assure Ziad Takieddine.
Mais l'avocat de Philippe Rondot, Me Eric Morain, affirme pour sa part que "le général ne connaît pas ce monsieur et ne l'a jamais rencontré". De son côté, Alexandre Djouhri "oppose un démenti catégorique aux allégations" de Ziad Takieddine dans le JDD et affirme, par la voix de son avocat Me Pierre Cornut-Gentille, qu'il "va saisir les tribunaux pour obtenir réparation de ces graves diffamations".
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-05/j-accuse-jacques-chirac-et-dominique-de-villepin-5865815.html
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