mardi 15 juin 2010

Bataille sur la trésorerie géante de Jérôme Kerviel au procès

La trésorerie gérée par le trader de la Société générale Jérôme Kerviel, qui fluctuait entre - 2,2 milliards d'euros et + 1,4 milliard d'euros en 2007, a fait l'objet d'une querelle au tribunal de Paris.
Au sixième jour du procès, la défense a présenté cet aspect de l'affaire comme la preuve que la banque ne pouvait ignorer les agissements de son employé tenu pour responsable d'une perte historique de 4,9 milliards d'euros de la SocGen, mais la représentante de l'établissement Claire Dumas l'a contesté.

"Une situation de trésorerie n'est pas forcément (la conséquence) d'une activité ou d'un résultat", a-t-elle dit.

En juillet 2007, le trader, qui avait accumulé des positions astronomiques de 30 milliards d'euros en volume sur des contrats à terme ("futures") portant sur des indices boursiers européens, avait une trésorerie personnelle négative de 2,2 milliards, a établi le dossier lu à l'audience.

L'enquête a également établi que cette situation de trésorerie était connue de la hiérarchie du desk "Delta 1" où travaillait le jeune homme, puisqu'elle disposait de rapports hebdomadaires avec, ligne par ligne, le crédit ou débit de chaque poste de trading.

La représentante de la banque l'a reconnu à l'audience. Mais pour Claire Dumas, il n'y avait rien d'inquiétant.

"Quand on voit cela, on ne prend pas du tout une crise cardiaque", a-t-elle expliqué.

VISIBLE DANS LES COMPTES, DIT LA DÉFENSE

Elle a assuré qu'on ne pouvait déduire de ce chiffre la nature des agissements de Jérôme Kerviel. Elle a pris l'exemple d'un industriel qui, avant d'encaisser le paiement d'une grosse commande, est négatif en trésorerie pour payer la fabrication, sans que ce soit forcément grave.

Par ailleurs, a-t-elle dit, Jérôme Kerviel a réalisé des opérations fictives pour masquer le fait que cette trésorerie était en réalité problématique.

Jérôme Kerviel a contesté cette interprétation.

"(La trésorerie) est le reflet de l'activité que vous avez. Sur l'activité qui était la mienne, pour info, je faisais un reporting toutes les semaines avec le niveau de ma trésorerie", a-t-il expliqué.

Me Olivier Metzner, son avocat, a souligné que, pour boucher le "trou" de sa trésorerie, Jérôme Kerviel a aussi réalisé à l'été 2007 une vraie opération : un emprunt d'un milliard d'euros à la Société générale, donc en circuit fermé.

"C'était visible dans les comptes de la Société générale et la banque prélevait tous les jours des intérêts sur le compte de trading de Jérôme Kerviel", a souligné l'avocat, sans être contredit par la banque.

La situation de trésorerie de Jérôme Kerviel s'est ensuite redressée pour atteindre 1,4 milliard d'euros en décembre 2007. C'est lorsque la Société générale, disant découvrir la situation le 18 janvier 2008, a entrepris de déboucler les positions de son trader, en pleine déroute des marchés, que le solde final est passé à une perte de 4,9 milliards
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http://fr.news.yahoo.com/4/20100615/tts-france-justice-kerviel-ca02f96.html

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