dimanche 13 juin 2010

Justice : condamné pour le meurtre de sa femme, le Dr Muller rejugé à Colmar

La Cour d'assises d'appel du Haut-Rhin va tenter à partir de lundi de démêler l'écheveau du dossier Jean-Louis Muller, cet ancien légiste reconnu coupable en première instance du meurtre de sa femme mais qui clame son innocence et soutient bec et ongles la thèse du suicide.

Meurtre ou suicide? En octobre 2008, les assises du Bas-Rhin avaient tranché, condamnant Jean-Louis Muller à 20 ans de réclusion. Un mois plus tard, ce généraliste de 54 ans avait été remis en liberté. A l'instar du premier procès, il comparaîtra libre sous contrôle judiciaire devant les assises de Colmar.

Les faits remontent à la soirée du 8 novembre 1999, lorsque le corps de Brigitte Muller, une documentaliste de 42 ans, avait été retrouvé au sous-sol du domicile conjugal d'Ingwiller, une plaie béante à la tête et le 357 Magnum de son époux à ses pieds.

L'affaire avait été rapidement classée, le parquet concluant à un suicide. Une autorisation d'incinérer avait été accordée quelques jours après le décès.

Mais, rejetant l'hypothèse d'un acte désespéré, les proches de la victime avaient obtenu la réouverture du dossier. Jean-Louis Muller avait été mis en examen pour meurtre en 2001 puis renvoyé devant les assises en 2007, contre l'avis du parquet général de Colmar qui avait jugé les charges insuffisantes.

Titulaire d'un diplôme de médecine légale et auteur d'une thèse sur «les effets des projectiles de petit calibre», cet amateur d'armes à feu a été rattaché à l'institut médico-légal de Strasbourg de 1995 à 1997. Au moment du drame, il était inscrit sur la liste des experts de la Cour d'appel de Colmar.

Plus de six ans d'instruction, ponctués d'une vingtaine d'expertises souvent contradictoires, avaient révélé un climat houleux dans le couple: selon des proches, Brigitte, qui venait de rencontrer un autre homme, envisageait de quitter son époux.

Dans le dossier, plusieurs éléments matériels semblent difficilement compatibles avec l'hypothèse du suicide, comme l'absence d'empreintes digitales de Brigitte sur l'arme et les munitions ou encore la faible présence de particules de résidus de tir découvertes sur la victime alors que des traces de poudre avaient été retrouvées sur son époux.

Après plusieurs demandes de reconstitution, toutes rejetées, le Dr Muller et ses trois conseils, qui jugent la thèse du meurtre «matériellement impossible», ont finalement organisé sur les lieux du drame en mars dernier une reconstitution «privée» qui a conclu que l'hypothèse du suicide était «la plus compatible» avec les éléments matériels du dossier.

Mardi, un transport sur les lieux du drame, en présence de la présidente de la Cour d'assises de Colmar, a toutefois été organisé.

«Cela aura permis de montrer que les lieux sont inchangés» depuis 1999, «ce qui rend possible une reconstitution» en bonne et due forme, a souligné l'un des avocats de l'accusé, Me Thierry Moser, qui entend déposer dès le début du procès une nouvelle demande de reconstitution.

Pour l'avocat, le cas de son client, qui n'hésite pas à brocarder «l'obstination» et la «part de vengeance» des magistrats à son encontre, est à rapprocher de celui de Jacques Viguier, l'universitaire toulousain acquitté à deux reprises du meurtre de sa femme. «Ce sera un procès à risques, un procès de l'intime conviction» où «tout sera possible», prévient-t-il.

Le procès doit durer jusqu'au 25 juin.

http://www.lalsace.fr/fr/article/3307818/Justice-condamne-pour-le-meurtre-de-sa-femme-le-Dr-Muller-rejuge-a-Colmar.html

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