jeudi 17 juin 2010

Kerviel admet avoir fabriqué des faux

Que ce soit bête, débile, je vous le concède (...) mais j'étais dans une spirale... c'était un boulevard", s'est justifié Jérôme Kerviel, mercredi, au septième jour de son procès. L'ancien trader de la Société Générale, 33 ans, est jugé depuis le 8 juin pour avoir causé une perte de 4,9 milliards d'euros début 2008.
Au début de son interrogatoire par le président de la 11e chambre du tribunal correctionnel, Dominique Pauthe, il a de nouveau reconnu avoir saisi des opérations fictives, pour masquer ses engagements réels sur les marchés financiers. A partir de mars 2007, ces prises de positions ont commencé à représenter des sommes astronomiques, pour atteindre près de 50 milliards d'euros début 2008, lorsque la "fraude" a été découverte.

Avant ce dénouement, l'ex-trader avait connu un premier semestre 2007 difficile, avec une perte "latente" ayant dépassé les 2 milliards d'euros en milieu d'année, avant un retournement du marché qui lui avait permis d'engranger 1,4 milliard. Mais pour les gains comme pour les pertes, il devait dissimuler, parce que les montants étaient trop énormes. Et mentir pour justifier ses prises de positions. "Ecart de méthodes", "erreur de saisie", fabrication de faux mails de supposées "contreparties"...

"Faire gagner un maximum d'argent à la banque"

"Fin 2007, vous auriez pu vous arrêter (...). Vous étiez sûr de vous?", lui a demandé le président. "A l'époque, oui, à tort sûrement", a-t-il répondu, en répétant que ses supérieurs hiérarchiques cautionnaient sa stratégie de "trading". "C'est comme tenir un chien en laisse, et lâcher dix mètres de corde", a-t-il ajouté. Avec quel "os à ronger?", a questionné Dominique Pauthe. "Le résultat pour la banque", a répliqué Jérôme Kerviel. Comme il l'a dit à de nombreuses reprises depuis le début de son procès, l'ancien trader, qui encourt 5 ans de prison et 375.000 euros d'amende, a affirmé avoir agi pour "faire gagner un maximum d'argent à la banque".

Mais un autre grave incident sur le travail du trader Jérôme Kerviel en 2005 a été mis en exergue mercredi. Incident qui avait été quasi-ignoré par sa hiérarchie à la banque, qui s'était contentée de le réprimander sans autres conséquences. Jérôme Kerviel, alors trader "junior" (apprenti), avait spéculé après les attentats terroristes de Londres sur le titre de l'assureur Allianz, engageant 15 millions d'euros alors qu'il était limité à un million, a raconté mercredi à son procès le trader Alain Declerck, qui était chargé de le superviser.

Pas de sanction

Kerviel avait alors gagné 500.000 euros et avait pu ensuite continuer, devenant trader titulaire et finissant début 2008 par accumuler 50 milliards d'euros de positions. L'incident de 2005 n'a pas provoqué de sanction, a confirmé Alain Declerck. "Il y a eu une réunion. Il n'avait absolument pas le droit de faire ça. C'était très mal. Je lui ai dit que s'il recommençait, il serait viré", a assuré le témoin.

A l'instruction, Jérôme Kerviel n'avait pas donné la même version, affirmant que l'incident avait été accepté avec encore moins de problèmes car il avait gagné de l'argent. Il soutient donc que la banque l'a en fait encouragé implicitement. Le président du tribunal a commenté ironiquement la gestion par la hiérarchie de la banque de cet incident crucial de 2005. "Aucune sanction ? 15 millions de positions et aucune sanction, c'est gentil".
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-06/kerviel-admet-avoir-fabrique-des-faux-5884075.html

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