mercredi 15 septembre 2010

Gitan tué en 2008: le gendarme affirme lors de son procès ne pas avoir voulu tuer

Le gendarme Christophe Monchal, accusé d'avoir mortellement blessé en 2008 un Gitan qui tentait de s'évader de la brigade de Draguignan (Var), a affirmé mercredi devant la Cour d'assises du Var ne pas avoir eu l'intention de tuer.

"A aucun moment je n'ai voulu tuer Joseph Guerdner", a-t-il dit, déplorant que l'ancien procureur Christian Girard, qui avait affirmé mardi qu'il avait "failli à sa mission", l'ait traité comme un délinquant.

"M. Girard, par son réquisitoire, m'a condamné comme un délinquant, un voyou alors que j'étais saisi par un juge d'instruction", a dit à la Cour Christophe Monchal.

Depuis lundi, il comparaît libre devant la Cour d'assises du Var pour avoir mortellement blessé Joseph Guerdner.

Sur "l'ultime recours à la force armée", il a expliqué n'avoir eu "qu'une fraction de seconde pour prendre une décision qui se solde par la mort d'un homme".

Au président Jean-Luc Tournier qui lui demande s'il "n'avait pas une autre solution que de tirer", il répond : "j'aurais aimé en avoir une autre. J'aurais souhaité que Joseph s'arrête, mais après avoir sauté, il a redémarré et continué à courir en zigzaguant et en se baissant jusqu'au bâtiment des familles".

Sur les sept coups de feu tirés, trois atteindront Joseph Guerdner. Il a justifié ses tirs par la dangerosité du suspect, condamné à quatre reprises pour des vols aggravés et qui avait foncé sur des gendarmes lors d'un cambriolage.

Quant aux négligences qui lui ont été reprochés par l'ancien procureur Christian Girard, il les a jugé infondées.

Avant cette déposition, la mère de Joseph Guerdner est venue dire à la Cour qu'elle ne croyait pas à la thèse officielle retenue pour la mort de son fils.

"Pour moi c'est pas possible, je suis certaine que (le gendarme Christophe) Monchal l'a tué parce qu'il ne voulait pas avouer", a dit Micheline Guerdner devant les jurés en montrant une photo de ses trois petits-enfants, orphelins de Joseph Guerdner.

Pour elle, son fils, qui avait une maladie des os, n'a pas pu sauté par la fenêtre "ou sinon il se serait cassé les chevilles".

Les trois complices présumés de Joseph Guerdner dans l'affaire qui l'avait conduit en garde-à-vue, condamnés depuis à des peines de 5 à 9 ans de prison par la Cour d'assises du Var, ont également témoigné en mémoire de la victime.

L'un d'eux, Jérémy Masi, a affirmé à la barre que lors de sa garde-à-vue, Christophe Monchal l'avait frappé à coups de poing. Onze mois après les faits supposés, il a déposé une plainte avec constitution de partie civile qui a conduit le magistrat instructeur à entendre le gendarme en qualité de témoin assisté. Pour étayer ses accusations, Jérémy Masi a fourni un certificat médical pour un pneumothorax.

Les avocats de la défense avaient cité des autorités militaires, qui sont toutes venues parler de Christophe Monchal en des termes élogieux, expliquant aux jurés le cadre légal de l'utilisation des armes par les militaires.

Joseph Guerdner, 27 ans, était soupçonné dans une affaire d'enlèvement et de séquestration, ce qui avait conduit à son placement en garde à vue en mai 2008 à la brigade de Draguignan.

Au cours de son audition, le gendarme Christophe Monchal l'avait autorisé à fumer dans le couloir, mais le jeune homme, qui était menotté, avait sauté d'une fenêtre, d'une hauteur de 4,60 m. Le gendarme avait tiré à sept reprises, affirmant avoir voulu viser les jambes.

Le verdict pourrait être rendu jeudi soir tard dans la soirée.
http://www.lepoint.fr/societe/gitan-tue-en-2008-le-gendarme-affirme-lors-de-son-proces-ne-pas-avoir-voulu-tuer-15-09-2010-1236845_23.php

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