lundi 20 septembre 2010

Le gourou Robert Le Dinh, condamné à 15 ans de réclusion, va faire appel

Robert Le Dinh, gourou d'une communauté spirituelle jugé pour le viol d'anciennes adeptes qu'il était accusé d'avoir assujetties, a été condamné, samedi, par la cour d'assises de l'Ariège à 15 ans de réclusion criminelle. Après trois heures de délibéré, les jurés sont allés au-delà des réquisitions de l'avocate générale, Cécile Deprade, qui avait demandé une peine qui "ne soit pas inférieure à 10 ou 12 ans". Les défenseurs de Robert Le Dinh, poursuivi pour viols et agressions sexuelles sur d'anciennes disciples, y compris des mineures, ainsi que pour abus de faiblesse, ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel de ce verdict tandis que la femme et deux des filles de l'accusé éclataient en sanglots.

Tout au long du procès qui s'est ouvert le 10 septembre, deux thèses radicalement opposées se sont affrontées. D'un côté, d'anciens disciples ont décrit un gourou pervers qui usait de son emprise pour obtenir des faveurs sexuelles, mais aussi financer son train de vie. De l'autre, un accusé de 51 ans qui disait ne pas craindre d'être qualifié de "gourou", mais le gourou d'une communauté d'amis dans laquelle il n'a jamais rien imposé à personne, et certainement pas des viols. Toutes les relations sexuelles étaient "librement consenties", a-t-il répété. Il a démenti toute agression sexuelle sur mineure.

Pressions


Une version des faits totalement récusée par l'avocate générale. Citant un témoin qui avait dit à l'audience que l'accusé "utilisait nos corps et utilisait nos esprits", elle a estimé : "Tout est dit dans cette phrase." "Il avait tout mis en place pour que les adeptes, et plus particulièrement les femmes, soient assujettis", a lancé la représentante du ministère public. "La déstabilisation mentale générée par Robert Le Dinh a annihilé la capacité de résistance" de son groupe. "Il y avait des pressions graves et réitérées" sur les adeptes, a également relevé l'avocate générale. Robert Le Dinh, dit Tang, usait de "techniques coercitives", comme la "loi du retour" en vertu de laquelle les adeptes encouraient une catastrophe s'ils sortaient du droit chemin. "Oui, ils sont dans un carcan, oui, ils sont dans une prison, oui, ils sont assujettis", a martelé Me Deprade.

Disant avoir reçu en 1982 une révélation du Christ, Tang, fils d'un ouvrier bouddhiste d'origine vietnamienne et d'une mère française catholique, dispensait des enseignements spirituels à une vingtaine de personnes, d'abord dans le Lot-et-Garonne, puis, à partir de 2005, dans l'Ariège. Son ascendant était tel qu'il conseillait les adeptes dans leur carrière, constituait les couples ou prénommait les enfants, d'après des témoins. Lui s'est défendu en parlant de complot. S'il est mis en cause, assure-t-il, c'est le résultat d'une machination fomentée par Dominique et Isabelle Lorenzato, d'anciens adeptes motivés par la jalousie et le dépit amoureux. Le couple avait le premier, en 2007, dénoncé les faits.

Me Pierre Le Bonjour, pour la défense qui avait plaidé l'acquittement, a estimé que l'on "avait fait le procès des sectes et pas celui de Tang, jugé coupable avant même l'ouverture des débats". Pour les parties civiles au contraire, c'est "une immense satisfaction". "Il y a un aspect pédagogique de la décision", a commenté Me Daniel Picotin, avocat des Lorenzato, relevant que l'accusé avait été condamné à la peine maximum encourue pour des viols.
http://www.lepoint.fr/societe/proces-le-gourou-robert-le-dinh-condamne-a-15-ans-de-reclusion-va-faire-appel-19-09-2010-1238247_23.php

Aucun commentaire: