jeudi 30 septembre 2010

Tortionnaires de Cyril: l'avocat général pointe les négligences de Vagabondage

L'avocat général a requis jeudi à Quimper huit ans d'emprisonnement à l'encontre de l'animateur d'un "séjour de rupture" en Zambie où un jeune Finistérien avait trouvé la mort en 2003, désignant comme responsable par "négligences" le directeur de l'association organisatrice.


"Vous avez lourdement failli, par vos actes, vos gestes, vos négligences et votre comportement. Vous avez rendu possible la mort de Cyril Driancourt qui vous a été confié à titre éducatif", a fustigé l'avocat général Yves Boivin, devant la cour d'assises du Finistère, à l'adresse du directeur de l'association Vagabondage, Robert Antraygues, qui comparaît pour "homicide involontaire".


Le jeune, confié par les services de l'Aide sociale à l'Enfance du Finistère (ASE) à Vagabondage, organisatrice de séjours pour adolescents en difficulté, était mort des suites d'une crise d'épilepsie après une succession de mauvais traitements.


"Vous avez donné un quitus et conforté (l'animateur du camp, Frédéric) Aupérin dans ses méthodes, que vous n'approuvez pas, mais +ça marche+", a dit le représentant du ministère public en citant le directeur de Vagabondage.


L'avocat général a requis à l'encontre de Robert Antraygues, une peine de trois ans de prison ferme en laissant la possibilité d'un sursis partiel ou total, et l'interdiction définitive de s'occuper de mineurs.


L'animateur du camp Frédéric Aupérin, "cet amoureux de l'Afrique", "ce baroudeur", était "condamné à un moment ou à un autre à être mis en difficulté", parce que, sans formation, "on est vulnérable" face à des adolescents difficiles, a considéré M. Boivin.


Il s'est alors mis à boire "pour se donner du courage" mais ce n'est pas un "bourreau", a-t-il poursuivi.


L'avocat général a jugé coupables d'actes de tortures et de barbarie, l'animateur du camp et ses deux coaccusés mineurs de plus de seize ans au moment des faits.


Il a requis huit ans de prison contre le premier et deux ans avec sursis contre les seconds.


Les avocats de la défense ont accablé les services de l'enfance du conseil général du Finistère qui avaient "la responsabilité principale" de Cyril, selon l'avocat de Robert Antraygues, Me Gérard Tcholakian pour qui le département devait figurer sur le banc des accusés.


L'avocat d'Aupérin Me Jean-Yves Liénard, a fustigé Pierre Maille, un "président (du Conseil général NDLR) qui n'assume pas, cramponné à la barre comme un mort de faim à ses contre-verités".


Concernant Aupérin, "il a les épaules larges, est-ce une raison pour l'accabler de tout?", a interrogé Me Liénard en reportant la responsabilité des actes de tortures et de barbarie sur les jeunes, auteurs selon lui de violences gratuites.


"Vous n'avez pas à juger un sadique!", a-t-il lancé, en insistant face aux jurés pour qu'ils se prononcent pour "une peine de prison ferme" mesurée.


Les avocats des coaccusés d'Aupérin qui ont plaidé la contrainte de ces derniers, ont demandé la requalification des "actes de tortures et de barbarie" en "actes de violence".


L'animateur et deux anciens participants comparaissent libres devant la cour d'assise des mineurs du Finistère depuis le 21 septembre pour actes de tortures et de barbarie sur Cyril Driancourt.


Le verdict est attendu vendredi dans la journée.
http://www.lepoint.fr/societe/tortionnaires-de-cyril-l-avocat-general-pointe-les-negligences-de-vagabondage-30-09-2010-1243569_23.php

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