lundi 29 novembre 2010

Savoie : le scandale de la dioxine en procès

Scandale écologique sans précédent en France, la pollution à la dioxine issue de l'incinérateur de Gilly-sur-Isère est considérée comme l'une des plus graves en Europe depuis la catastrophe de l'usine Seveso en Italie en 1976, qui avait contaminé 193 personnes. Après des années d'instruction et de bras-de-fer des riverains, voici enfin l'affaire portée devant la justice. Le procès de l'exploitant de l'incinérateur de déchets, Novergie Centre-Est, filiale de Suez-Environnement, s'est ouvert lundi matin au tribunal correctionnel d'Albertville; il doit durer deux jours.


Mais ces suites judiciaires longtemps attendues laissent un goût amer aux habitants exposés durant des années à la pollution, qui s'étonnent de voir le seul exploitant poursuivi en tant que personne morale pour non-respect des normes environnementales, au côté d'un ex-directeur, alors qu'ils pointaient depuis longtemps la responsabilité des pouvoirs publics. Peu avant l'audience, des riverains de l'ancien incinérateur, démantelé en 2008, distribuaient d'ailleurs des tracts aux passants devant le Palais de justice.


Pas d'augmentation significative des cancers


Cette affaire avait débuté en octobre 2001 par la fermeture administrative de l'incinérateur de Gilly-sur-Isère à la suite de mesures de taux anormalement élevés de dioxine, polluant cancérogène, dépassant parfois jusqu'à 750 fois la norme maximale autorisée. Par mesure préventive, près de 7000 bêtes, essentiellement des vaches, avaient été abattues. Plus de deux millions de litres de lait et 24 tonnes de produits laitiers avaient été détruits en raison des risques de contamination humaine.


En mars 2002, près de 200 riverains, affirmant que les rejets nocifs de l'incinérateur de Gilly avaient provoqué une augmentation de cancers, avaient déposé plainte. Une information judiciaire pour "homicide involontaire et mise en danger de la vie d'autrui" avait été ouverte. Lors d'une instruction très médiatisée de cinq ans, la juge Hélène Lastera avait mis en examen deux préfets. Mais ces procédures avaient ensuite été annulées faute, notamment, de charges suffisantes. Les expertises, qui n'ont démontré aucun lien de causalité certain entre la pollution à la dioxine et les cancers, ainsi qu'une étude concluant à l'absence d'augmentation significative de cancers, ont juridiquement dégonflé l'affaire.


http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-11/savoie-le-scandale-de-la-dioxine-en-proces-6166546.html

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