mardi 25 janvier 2011

Que Jean-Michel entende le cri de ses enfants »

L’avenir dira le poids de cette journée d’audience. Mais le témoignage livré hier matin, pendant trois heures par Jean-Pierre Juan pourrait être déterminant pour la suite du procès. Âgé de 67 ans, le frère aîné de Bernadette Bissonnet a longuement raconté aux jurés de la cour d’assises de l’Hérault pourquoi et comment s’est forgée sa conviction de la culpabilité de Jean-Michel Bissonnet. A partir de petits détails, d’une attitude générale mais aussi sur des faits précis dont il a été le témoin, et que l’accusé nie.


« Il n’y a pas le clan d’Harcourt ou le clan Belkacem. Il n’y a que le clan de la vérité, et il ne faut pas la pervertir. Je demande que Jean-Michel entende le cri de ses enfants. Qu’il rejoigne le clan des hommes, et dise : j’avoue. »


Sans haine ni esprit de vengeance
apparente, d’une voix calme, Jean-Pierre Juan, 67 ans, a pendant près de trois heures livré aux jurés de l’Hérault ses convictions concernant « l’exécution » de sa sœur cadette. Avec, en préambule, un hommage appuyé à la justice : « Nous sommes ici pour défendre le droit à la vie et cette cour le fait très bien. Aidez-nous à résoudre l’imbroglio dans lequel nous sommes plongés. »


Jean-Pierre Juan l’affirme : « Le plus important, c’est la douleur de Marc et de Florent. Ils sont enfermés dans un état de doute insupportable. Leur père n’a pas le droit de les enfermer dans ce tombeau. Il est le seul à pouvoir les en sortir. » Et le frère de Bernadette fait cet aveu difficile : « J’ai bien ressenti le repentir et le remord de M. Belkacem. Chez M. d’Harcourt, cela a été plus difficile, mais la vérité est sortie. Cela leur permet de conserver leur état d’être humain. »


Puis il revient, à son tour, sur cette terrible nuit du 11 mars 2008, l’arrivée à Castelnau, le soir, à l’appel de Jean-Michel Bissonnet. De son attitude étrange, de tous les détails qu’il donne immédiatement sur son emploi du temps. La sacoche, l’alarme, le chien. « Il se plaignait beaucoup de ce qui lui arrivait, j’étais un peu abasourdi, je lui ai dit que c’était à Bernadette que cela arrivait. »


Plus tard cette nuit-là, quand il le ramène en voiture, il assure que son beau-frère lui a parlé de ses soupçons sur Belkacem, et du passage de D’Harcourt, vers 21 heures, pour aller chercher sa veste polaire. Comment pouvait-il être déjà au courant ?


Et l’attitude des deux amis, le matin, chez lui. « Ils sont face à face, ils ne se disent pratiquement rien, alors que Jean-Michel nous avait énormément parlé. » D’autres détails, encore : « Nous allons chercher des fleurs pour les obsèques, et Jean-Michel commande des arbres pour les mettre dans sa maison. Comment pouvait-on être aussi vite dans l’après ? »


Quel serait le mobile du crime, selon lui ? « Je ne comprends pas », reconnaît-il. « Je ne peux imaginer qu’on puisse avoir le désir de tuer ma sœur. Peut-être souhaitait-il avoir une vie différente ? A mon avis, cela tient à des problèmes psychologiques ou psychiatriques qui me dépassent. »


Dominique, son épouse, vient à son tour à la barre. Mêmes souvenirs, sur le soir du drame. « Depuis trois ans, je revis cette nuit. » Elle en est certaine : elle a fourni à Jean-Michel le numéro de Meziane dès le 12 au soir. « Je ne comprenais pas pourquoi il n’appelait pas son jardinier, et demandait à d’Harcourt de le faire. »


Bissonnet intervient : « Je n’ai jamais dit à Amaury de téléphoner à Belkacem. Si on continue comme ça, je vais être obligé de déposer plainte pour faux témoignage ! »
Me Phung, l’avocat de Jean-Pierre Juan : « Mais si c’était d’Harcourt le commanditaire, pourquoi vous ferait-il l’aveu de son passage à la maison au moment du crime ? »
Bissonnet : « C’est un problème que je me suis toujours posé. » Me Phung : « Moi aussi ! » Me Henri Leclerc vient au secours de son client : « N’est-ce pas parce qu’il craignait qu’on l’y ait vu ? » « C’est ce que je me suis dit », souffle Bissonnet, visiblement soulagé.
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