mercredi 23 février 2011

Chaïb navigue entre ombre et lumière

S'il venait à être de nouveau reconnu coupable, près de deux ans et demi après (1), d'avoir tué Marjolaine L. et son jeune fils Safir de 3 ans, qu'est-ce qui aurait bien pu pousser Mohamed Chaïb à ces deux crimes odieux, lui qui n'a jamais cessé de clamer son innocence ? C'est bien cette question qui doit turlupiner les jurés des assises de l'Aude qui ont à rejuger un délinquant avéré de 22 ans que rien, absolument rien, au matin du troisième jour de procès, ne permet de supputer d'abord qu'il ait eu un motif ou un « intérêt » quelconque à tuer, et donc qu'il ait pu être le double meurtrier de Béziers, entre les 3 et 6 octobre 2005.


Ni crime passionnel (il ne connaissait la victime que depuis 3 semaines), ni mobile financier (il aurait extorqué quelques biens à sa victime pour la modique somme de 100 €) : le mystère reste entier sur les morts de Marjolaine L. et de Safir M., comme sur la prétendue culpabilité de Mohamed Chaïb, condamné rappelons-le en première instance à 30 ans de réclusion criminelle.


Hier, les jurés auront pu faire plus ample connaissance avec l'accusé, beaucoup moins terne que la veille, lorsqu'il s'était agi de l'analyse de personnalité conclue sur « l'immaturité affective, l'intolérance à la frustration, l'agressivité face à la perte de l'objet… » Après que la défense ait contesté la manière dont avaient été conduites l'enquête et l'instruction depuis le début de cette affaire, le président Henri Pons procéda à l'interrogatoire de Mohamed Chaïb. Avec cet aveu récurrent de l'accusé pouvant constituer un réel handicap : « Je suis fumeur, je dis n'importe quoi », faisant allusion à sa consommation lancinante de cannabis, lui faisant perdre mémoire et notion temporelle lorsqu'on l'interroge.


Coup de bluff de Chaïb ? Pas si sûr, lui qui, sur sa relation avec Marjolaine, avouera presque raisonnablement que « j'ai préféré prendre du recul à cause de la présence du père de Safir, que Marjolaine, bien que séparée, continuait de voir chez elle ; elle m'avait dit de me méfier de lui, qu'il était violent… »


Sur les objets retrouvés au domicile de Chaïb et appartenant à Marjolaine, l'accusé a toujours prétendu que c'est son ex-compagne qui lui avait proposé de les lui vendre (pour 100 € donc). Et le président Pons aura cette question agaçante pour Chaïb : « Êtes-vous surpris qu'elle vous ait proposé d'acheter ces objets ? » « Je vois bien où vous voulez en venir », répond Chaïb, calme mais volontiers provocateur envers le président. Ces objets où figurent sabres, lecteur DVD et… téléphone portable, objet de toutes les controverses et dont la vérité n'a pour l'instant pas été révélée. Le téléphone aurait été remis à la mère de Mohamed (qui lui aurait commandé pareil appareil) non sans avoir ôté la carte à puce appartenant à Marjolaine.


(1) cf. cour d'assises des mineurs de Montpellier, le 25 septembre 2008.


http://www.ladepeche.fr/article/2011/02/23/1020142-Chaib-navigue-entre-ombre-et-lumiere.html

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