mercredi 23 février 2011

Chirac avant l’épreuve du procès des emplois fictifs

Jacques Chirac a passé deux heures hier au Salon de l’agriculture. Un moment essentiel pour un homme de 78 ans, président de la République à la retraite, diminué physiquement, au point d’inquiéter ses proches, et à la veille – dix jours exactement – d’un procès pour les emplois fictifs de la ville de Paris.
Face aux blessures de l’âge, et aux morsures de la justice, le Salon était sans conteste l’exercice le plus réconfortant et le plus euphorisant pour lui.
Lorsqu’il y a quinze jours, le fidèle Christian Jacob s’était enquis devant lui du bien-fondé de cette visite contenu de ce contexte lourd, l’ancien président, un peu piqué au vif, lui avait rétorqué : "Et pourquoi n’irai-je pas ?"
Et dans le trajet en voiture qui l’a conduit hier matin porte de Versailles, c’est avec fierté que Jacques Chirac a dit à son ami l’industriel François Pinault : "En quarante ans, la seule fois où j’ai manqué le Salon de l’agriculture, c’est l’année où je me suis cassé la jambe". C’était en 1979.
Certes, le rituel a été écourté par rapport aux autres années, et on a entendu des paysans le trouver fatigué. Mais, à travers l’image, le message est passé : Jacques Chirac est toujours debout, toujours en forme, il n’est pas un homme fini.
Lors d’un déjeuner avec des dirigeants agricoles, il est entré dans les détails de la crise porcine et de la crise bovine. Et avec Jean-Pierre Raffarin, croisé dans les travées du salon, il a abondamment parlé de la situation en Algérie d’où rentrait l’ancien Premier ministre.
Retraité oui, hors jeu non. Et populaire toujours. Ainsi apparaît Jacques Chirac à la veille de son procès.


Ce procès reste une épreuve pour Jacques Chirac. Mais celui-ci n’est jamais aussi bon que dans l’adversité.
Souvenez-vous, il y a dix ans : la cassette Méry, les emplois fictifs, les billets d’avion payés en liquide. Dos au mur, celui qui était alors chef de l’Etat avait balayé les accusations de deux mots : "abracadabantesque" et "pschitt.
Et sur sa santé, les trois mots de Lionel Jospin "vieilli, usé, fatigué" avaient suffi à réveiller un candidat qui s’était lancé sans éclat dans une quatrième et dernière campagne présidentielle.
Les affaires, son état de santé : ce sont les deux mêmes terrains sur lesquels il doit réagir aujourd’hui. On peut parier qu’il saura le faire.
Quand à son procès lui-même, même si ça fait curieux de voir un ancien président de la République au banc des accusés, franchement, Jacques Chirac ne risque pas grand-chose puisque la ville de Paris, première lésée par ces emplois de cabinets qui profitaient en fait au RPR, a renoncé à se constituer partie civile en échange d’une transaction financière conclue avec l’UMP.
Et le meilleur bouclier de Jacques Chirac est sa popularité. Du temps où il était un président contesté, ces emplois fictifs choquaient. Maintenant qu’il est un retraité aimé, c’est une lourde condamnation qui choquerait. Les juges en tiendront compte certainement.
http://blogs.lesechos.fr/guillaume-tabard/chirac-avant-l-epreuve-du-proces-des-emplois-fictifs-a5169.html

Aucun commentaire: