jeudi 24 février 2011

Coup de théâtre et coup de fil au procès Chaïb

Rien ne sera ordinaire dans le procès de Mohamed Chaïb qui comparait depuis lundi devant la cour d'Assises d'appel (à Carcassonne), accusé du double meurtre de Marjolaine Lalande et son fils Saphir, 3 ans, en octobre 2005, à Béziers.


L'audience d'hier commençait par un coup de théâtre quand l'avocat général Bebon indiquait avoir localisé en dernière minute les prélèvements d'ongles de la maman. Tout comme des cheveux et poils relevés sur la scène de crime, ces éléments n'ont pas été soumis à la recherche d'ADN, au grand dam de Mes Phung et Dupont-Moretti. Depuis le début du procès, les deux ténors associés pour la défense de Chaïb, avaient déploré les failles de l'enquête, mais aussi multiplié les incidents, reprochant notamment au président Pons de présenter le dossier
en défaveur de l'accusé.






La cour d'Assises se transforme en cours de téléphonie
Devant ces nouveaux éléments, susceptibles de provoquer le renvoi du procès pour complément d'enquête, la cour décidait de faire rapatrier les ongles, retrouvés opportunément chez un expert en toxicologie de Montpellier. La défense allait se retrouver devant un choix délicat : perdre de la crédibilité à refuser ces analyses après avoir tant fustigé leur absence, ou engager un quitte ou double pour leur client...


En attendant l'arrivée de la pièce à conviction, l'interrogatoire de Rachid Mansouri, le père du petit Saphir, a occupé l'après-midi et le début de soirée. Toisant la défense et l'accusé, ce jeune homme massif, entier jusqu'à l'agressivité, affronte l'énoncé d'un passé judiciaire lourd (neuf condamnations). L'avocat général, parmi plusieurs témoignages, cite cette déposition d'un proche de Rachid : « Son enfant était tout pour lui. » Mais le témoin doit aussi affronter l'examen d'une relation avec Marjolaine qui n'était pas toujours rose. Le président cite une main courante déposée en 2003 : « J'ai toujours été battue par cet homme. » Plus tard, un enquêteur social fait état d'insultes répétées mais pas de violences avouées.


Puis arrive la question du téléphone mobile de Marjolaine, que Chaïb aurait acheté à la victime pour le compte de sa mère. La défense se bat sur cet élément, tentant de prouver que le changement de main du mobile se serait produit avant la mort de Marjolaine, dédouanant Mohamed d'un vol éventuel.


La cour d'Assises se transforme alors en cours de téléphonie. Tandis que Me Dupont-Moretti explique que la puce du téléphone de la victime - jamais retrouvée - a bien été inactivée avant la date supposée du double meurtre, la partie civile se livre à une expérience in situ, démontrant qu'une puce extraite est à même de renvoyer sur une messagerie.


Après le coup de théâtre, c'était le coup de fil qui peut tout changer ! Mais l'heure avait tourné et la question de l'éventuel renvoi du procès était reportée au lendemain.


http://www.midilibre.com/articles/2011/02/24/BEZIERS-Coup-de-theatre-et-coup-de-fil-au-proces-Chaib-1547116.php5

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