vendredi 25 février 2011

Le procès Chaïb sombre dans un imbroglio effarant

Oui il fallait demander des recherches complémentaires d'ADN dans le cadre du procès de Mohamed Chaïb, jugé en appel depuis lundi à Carcassonne, pour le double meurtre de Marjolaine Lalande et de son fils Saphir, 3 ans, commis à Béziers en octobre 2005 ! Pour la seule fois depuis le début de cette audience hyper tendue, la défense, la partie civile et l'avocat général Bebon étaient d'accord. Mais ce dernier ne souhaitait pas, et l'a dit avec force, que ce complément d'enquête conduise à un ajournement et encore moins à un renvoi du procès.


A-t-il voulu marquer trop tôt sa satisfaction d'avoir été entendu par la Cour ? Avant la fin du délibéré, censé rester secret, M. Bebon annonce aux avocats que les analyses pourront être réalisées lundi et que le procès ne sera pas
interrompu. Il était midi et une 'bombe' s'abattait sur la Cour d'Assises.


« Je ne veux plus de ce président »


Me Dupont-Moretti « Ça ne peut plus durer comme ça ! » s'accordaient Me Phung et Me Dupont-Moretti (défenseurs de Chaïb), ainsi que deux des quatre avocats de la partie civile (Me Cagniez et Me Brun) qui avaient assisté à la scène. « On a violé le secret du délibéré, je ne veux plus de ce président », ajoutait Dupont-Moretti, furibard. L'écho de cette colère est-il parvenu jusqu'à la salle du délibéré ? Le fait est que la décision, qui semblait imminente, n'est rendue que trois heures plus tard. Et qu'il n'est plus question d'obtenir les analyses lundi, mais mercredi prochain...


« Trop c'est trop ! Vous avez triché », lance Dupont-Moretti en direction du président Pons. Yeux dans les yeux, les regards sont durs, la tension extrême. Les conseils de la famille Lalande estiment que désormais « la justice ne pourra plus être rendue sereinement. Il va falloir recommencer de zéro... ».


L'avocat général essaie de minimiser l'affaire. Il dit s'être enquis de trouver un transporteur pour expédier les scellés auprès du laboratoire génétique de Nantes et l'a fait savoir au président. Dupont-Moretti enfonce le clou : « Vous avez fait ça entre vous. Pour vous c'est naturel. Eh bien c'est anormal ! Ce procès ne peut plus continuer. » Très posément, Me Phung ajoute : « Je dépose une requête en suspicion légitime... ».


Déjà éprouvées par les nombreux incidents survenus depuis lundi, les familles assistent consternées à ce spectacle. Paulette Lalande, la mère de Marjolaine, vit dans la Creuse. Elle a dû consentir des efforts financiers pour suivre le procès avec ses proches. Ce procès d'appel a déjà été reporté d'un an alors que le jugement initial remonte à septembre 2008. Et si l'on ajoute à ces lenteurs, les nombreuses failles et faiblesses de l'enquête, la présence de scellés jugés « non intègres » et la non recherche d'ADN sur des objets essentiels, tel le cordon électrique ayant servi d'arme du crime, cela fait beaucoup de motif d'exaspération.


Au final, la partie civile demande le renvoi et la défense s'associe. L'arrêt qui paraît dès lors inévitable est rendu à 21 h par le président Pons : « Le procès est renvoyé à une session ultérieure. »


Dans le public, une doctorante en anthropologie assiste à cet incroyable spectacle, après avoir été, dernièrement, une observatrice attentive du procès Bissonnet qui bénéficia, lui, de moyens hors norme. Le travail de cette chercheuse vaudra le détour.


http://www.midilibre.com/articles/2011/02/25/BEZIERS-Le-proces-Chaib-sombre-dans-un-imbroglio-effarant-1548165.php5

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