lundi 28 février 2011

Procès Chirac : une première pour un ancien président

Jacques Chirac sera le premier ancien président de la République à comparaître devant un tribunal, lors du procès des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris qui s’ouvrira le 7 mars.




L’ex-chef de l’Etat Jacques Chirac doit répondre devant le tribunal correctionnel de Paris de faits remontant au début des années 1990, alors qu’il était maire de la capitale.


Durant ses deux mandats à l’Elysée, de 1995 à 2007, il était en effet protégé de la justice par son immunité présidentielle. Son ex-Premier ministre Alain Juppé avait en revanche été condamné en 2004 dans l’un des deux volets de l’affaire, instruit à Nanterre.


La santé de Jacques Chirac, 78 ans, semble s’être détériorée depuis son départ de l’Elysée, au point que son épouse Bernadette a dû démentir récemment qu’il souffrait de la maladie d’Alzheimer.


A la demande de ses avocats, il a été dispensé par le tribunal correctionnel d’assister au premier jour du procès, qui sera consacré à des questions de procédure.


Sauf coup de théâtre, il doit en revanche être présent et s’exprimer le mardi 8. Une chaise capitonnée est prévue à son attention, et une salle à sa disposition s’il souhaite aller s’y reposer. Ses avocats ont également demandé un lutrin pour qu’il puisse y poser des documents.


Sa présence par la suite demeure incertaine, alors que le président de la 11e chambre correctionnelle, Dominique Pauthe, a prévu de l’interroger pratiquement chaque jour.


Le procès doit durer jusqu’au 4 avril, selon le projet de calendrier des audiences. Il suscite un fort intérêt médiatique, le tribunal ayant reçu des demandes d’accréditation de 95 médias, dont une trentaine d’étrangers.


L’affaire des emplois présumés fictifs à la mairie de Paris a deux volets : l’un instruit à Nanterre portant sur sept emplois, un autre à Paris sur 21.


Accusé d’avoir utilisé ces emplois pour servir ses ambitions politiques, Jacques Chirac récuse tout « système organisé ». Il assume les recrutements, qui étaient à ses yeux « légitimes » et « utiles à la ville de Paris ».


Renvoyé devant la justice pour « détournement de fonds publics », « abus de confiance » et « prise illégale d’intérêt », il encourt en théorie dix ans de prison et 150 000 € d’amende, ainsi que cinq ans de radiation des listes électorales et dix ans d’inéligibilité.


La pression sur lui s’est cependant considérablement allégée depuis que la ville de Paris a renoncé à se porter partie civile, suite à un accord d’indemnisation conclu en septembre 2010 avec l’UMP et Jacques Chirac.


Sans sa principale victime, le procès s’annonce aussi sans accusation puisque le parquet avait requis un non-lieu durant la procédure, et devrait donc logiquement demander la relaxe.


Il reviendra à l’association de lutte contre la corruption Anticor, dont le président d’honneur est le juge Eric Halphen, et qui s’est constituée partie civile, de porter la contradiction face à la défense de Jacques Chirac.


A ses côtés comparaîtront neuf autres prévenus : deux anciens directeurs de cabinet, et des personnes accusées d’avoir occupé des emplois fictifs — comme François Debré, frère du président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré — ou d’avoir bénéficié de collaborateurs payés par la mairie, comme l’ex-secrétaire général de FO Marc Blondel.


http://www.bienpublic.com/fr/france-monde/article/4688441/Proces-Chirac-une-premiere-pour-un-ancien-president.html

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