jeudi 17 février 2011

Valises macabres : crime passionnel ou préparé ?

La cour d'assises juge jusqu'à vendredi Alain Faury-Santerre, accusé d'avoir tué et découpé sa compagne. Après sa personnalité lundi, les jurés ont examiné, hier, le scénario du crime.
La scie utilisée pour découper le corps de Françoise Gallen a été achetée le 5 juin 2008 à Nantes. Cette certitude imprimée dans la mémoire d'une caisse enregistreuse alimente les débats de la cour d'assises. Quelle importance ? Déterminante. Si Alain Faury-Santerre a tué sa compagne le 4 juin, comme il le prétend, alors sa version du crime passionnel peut tenir la route. Il évoque une dispute envenimée, des coups échangés. Il jure avoir tué sans le vouloir avant de se débarrasser du corps le plus affreusement du monde.


En revanche, si la scie a été achetée avant la mort de Françoise Gallen, alors Alain Faury-Santerre s'expose à une peine plus lourde. Celle d'un jury condamnant un crime froidement préparé, loin du geste désespéré d'un amoureux dépassé par les événements.


Pour forger leur conviction et en l'absence de témoins, les jurés vont devoir choisir. D'un côté, la puissance de la science, de la médecine. Plusieurs légistes, catégoriques, datent la mort de Françoise Gallen du 7 ou 8 juin. Soit deux jours après l'achat de la scie, mais aussi de sacs poubelles de 200 litres et de gants par Alain Faury-Santerre.


Scénario ou pas ?


De l'autre, il y a le témoignage humain, avec ses faiblesses ou sa force de conviction. « C'est le 4 juin, je ne changerai pas de déclaration », a répété l'accusé une bonne dizaine de fois hier. De petits indices cohabitent. Le chef enquêteur des gendarmes, soucieux des preuves, l'admet : « Il n'y a pas d'élément tangible pour dire qu'elle était vivante le 6 ou 7 juin. » Passé le 4 juin, Françoise Gallen n'a plus téléphoné, a raté un rendez-vous médical, n'a plus sorti son chien...


Au centre de ce tableau noir, demeure Alain Faury-Santerre. Le grand bonhomme traverse l'audience comme un sac de sable. À l'émotion qui emplit la salle, aux vives attaques des avocats, aux expertises des médecins, il répond invariablement de sa petite voix monocorde. Il est pressé de questions. Pourquoi a-t-il pris le risque de traverser la ville avec une lourde valise en plein jour ? Pourquoi avoir fait un esclandre pour négocier le prix de la valise achetée sous l'oeil des caméras d'un supermarché ? Pourquoi avoir fait visiter, avec calme, l'appartement de Françoise Gallen (où il restait encore une valise) le 10 juin ? Pourquoi, enfin, être revenu sur les lieux de découverte de la seconde valise, provoquant sa perte ? Il tire argument de tant d'incohérences : « Si c'était un scénario, calculé, millimétré, ce ne serait pas logique, souffle-t-il. Mais ce n'était pas un scénario. » Autrement dit, c'est un crime passionnel.


On peut voir les choses autrement, selon la suggestion d'un psychologue. Alain Faury-Santerre a certes tout fait pour dissimuler son acte (jusqu'à brûler les empreintes de la victime) mais, dans le même temps, « il cherchait à se faire prendre ».


http://www.20minutes.fr/article/671249/nantes-valises-macabres-assises

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