jeudi 17 février 2011

La défense de Christian Iacono va-t-elle boycotter le procès?

18 h 30, hier, devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Tendu depuis le matin, le procès Iacono vire aux invectives et à la confusion. A l’issue d’un échange aigre-doux entre l’accusation et la défense de l’ancien maire de Vence, le président Patrick Vogt suspend l’audience. Les jurés se retirent, lorsque l’avocat général Laurent Mahy, reproche à Christian Iacono des commentaires inappropriés. Me Gérard Baudoux au ministère public : « Vous n’avez pas à vous adresser à l’accusé ». « Voilà des comportements de voyou(s ?), il y en a marre… » « Retirez cela immédiatement », hurle Me Baudoux. « Sinon, on quitte la barre ».


A la reprise, Laurent Mahy explique avoir visé l’accusé et non ses conseils. Mais ceux-ci ne l’en tiennent pas pour quitte.


« C’est inadmissible, une première depuis 50 ans que je porte la robe », fulmine Me Jean-Louis Pelletier qui avec son confrère prend le chemin de la sortie.


Finalement, tous deux restent à leur banc, afin de permettre l’audition d’experts parisiens dans l’obligation de rejoindre au plus vite la capitale. Mais ils menacent de boycotter les audiences à venir. « Après une rencontre demain matin (ce jeudi) avec le bâtonnier, nous déterminerons notre position. Selon toute vraisemblance, nous ne reprendrons pas le procès… »


Quand Gabriel se « décharge d’un fardeau »


Ce lourd climat témoigne d’enjeux déterminants pour l’accusé. Parmi les nombreux experts ayant examiné Gabriel Iacono, certains ont conclu sans hésitation au viol du petit garçon. De manière hâtive, comme le suggèrent d’autres médecins et le répète la défense ? Christian Iacono remet ainsi en cause la réalité des sévices allégués par son petit-fils.


Le docteur Laurence Dulière, elle, n’en doute pas. Spécialisée dans la maltraitance des enfants, au sein d’une cellule d’accueil spécialisée de l’hôpital de Reims, elle a noté à l’examen de Gabriel, « deux lésions caractéristiques de la sodomie et ne pouvant être imputées à une autre cause, telle la constipation ».


La psychologue Josiane Jouot confirme, dans son domaine, le diagnostic. « Le garçon a tout déballé, comme s’il se déchargeait d’un fardeau. Il aimait son grand-père, il ne tirait aucun bénéfice à l’accuser. Ses parents étaient effondrés. Le père m’a dit redouter les réactions de Christian Iacono. Capable, selon lui, de se suicider ou de venir à Reims tuer sa famille. »


Le docteur Béatrice Digeon et son confrère Philippe Ritter ont, eux aussi, noté « deux cicatrices attestant de sévices sexuels ».


Bataille d’experts à la barre


Médecin légiste à Nice, le docteur Ohayon aurait souhaité davantage de prudence, qui préfère évoquer des traces «compatibles» avec les déclarations de viol.


Le professeur Jean-Charles Grimaud a également réalisé une expertise « sur pièces », sans rencontrer Gabriel. « Et au vu du dossier présenté, pour le moins incomplet », il ne peut affirmer « scientifiquement qu’il y ait eu sodomie ». « Vous avez travaillé sur des photocopies noir et blanc de mauvaise qualité, vous avez lu un document dans le mauvais sens », rétorque à la partie civile Me Stéphane Choukroun.


Pour les professeurs Rautureau et Cargill, entrés en scène seulement en 2005, il n’existe donc aucune « preuve définitive ». Des investigations plus approfondies auraient-elles dû intervenir dès le dépôt de plainte ? « C’est peut-être une question d’éthique » avance le président. Jusqu’où peut-on aller dans les examens, souvent très intrusifs, des victimes ?


http://www.nicematin.com/article/faits-divers/la-defense-de-christian-iacono-va-t-elle-boycotter-le-proces

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