Joutes verbales et rétractations de la famille ont rythmé la deuxième journée du procès d'Aziz Hamri accusé d'être impliqué dans la mort d'un cantonnier
"Me désigne comme coupable c'était le mot de passe pour s'en sortir ». Aziz Hamri, jugé depuis lundi par la cour d'assises de la Gironde pour « enlèvement suivi de mort, atteinte à l'intégrité d'un cadavre, vol, extorsion et escroquerie » (lire nos éditions précédentes) ne s'explique pas autrement les déclarations accablantes faites par ses proches. Tous ses proches. Car à l'annonce de la mort de Raoul Jean, ils avaient étonnamment fait une relation spontanée avec l'accusé.
L'accusé connaissait la victime, Raoul Jean, cantonnier de Minzac (Dordogne), qui cherchait frénétiquement une compagne marocaine. En juin 2006, des morceaux de son corps mutilé avaient été repêchés jour après jour dans l'Isle et dans l'estuaire de la Gironde. L'enquête s'était orientée vers Aziz Hamri, avec lequel Raoul Jean était à plusieurs reprises parti au Maroc. Après quelques surveillances et investigations, quatorze membres de la famille avaient été interpellés le même jour de septembre.
Revirement des proches
Ils avaient alors dressé un portrait au vitriol d'Aziz Hamri. Le décrivant comme capable d'une grande violence, narrant des épisodes de coups, assurant avoir peur de lui, le désignant comme possible auteur des faits. Tandis que le président Michel Regaldo-Saint-Blancard et un des avocats de la défense, Me Éric Dupont-Moretti, se distribuent bons et mauvais points et que la tension monte d'un cran (lire ci-dessous), les frères et sœurs de l'accusé défilent et se défilent à la barre.
Le revirement avait commencé la veille avec les parents. Il se poursuit. Le frère passe en premier. Il met désormais ses déclarations assassines sur le compte de l'alcool qu'il consomme en trop grande quantité. « Quand je bois, je dis n'importe quoi. Je me fais des films à l'américaine ».
Une sœur en dépression s'en veut d'avoir accusé son frère « à tort et à travers ». « Ce n'est pas bien ». Elle dénonce une pression des gendarmes.
Une sœur confie qu'il « nous terrorisait quand on était petits. Il nous étouffait ». Elle admet l'avoir ensuite perdu de vue, considéré comme un marginal vivant de petits boulots. Elle détaille : « Notre famille s'est sentie suspectée. Nous étions peut-être prêts à en sacrifier un pour sauver tous les autres ». « Et c'était plus facile d'éjecter le plus marginal ? », suggère Me Dupont-Moretti. Acquiescement silencieux.
L'aînée de la fratrie enfin affirme qu'elle n'a « jamais eu à se plaindre » de son frère après avoir précisé en garde à vue qu'il l'aurait à plusieurs reprises menacée de mort. Elle dit tout et son contraire dans la même phrase et explique qu'elle a « rajouté des choses pas vraies à cause du stress. À l'époque tout le monde a cru que c'était lui, mais ce n'est pas dans sa force. Il n'est même pas capable de tuer un poulet ! »
Ramassé dans son box, épaules affaissées, mâchoire serrée, regard dans le vague, Aziz Hamri ne manifeste aucune émotion. L'avocat général Pierre Nalbert s'étonne qu'on passe d'une accusation générale à une rétractation tout aussi radicale. « Ils n'ont jamais parlé d'une culpabilité mais d'une capacité à commettre l'acte », nuance à propos Me Dupont-Moretti.
« On est là depuis ce matin à débattre d'impressions de la famille, certes défavorables, plus que des preuves », déplore Me Hubert Hazera. Car la défense s'estime en manque de preuves tangibles, de faits concrets.
Le témoignage à charge de l'ancienne compagne d'Aziz Hamri est attendu ce matin
http://www.sudouest.fr/2011/03/02/une-audience-so-us-tension-331036-4626.php
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