jeudi 28 avril 2011

25 ans pour le meurtre de son ex-compagne

Christophe Pierre aura attendu les dernières minutes de l’audience pour fissurer un peu la carapace. Tomber son masque de plomb et enfin diffuser quelques regrets : « Je fais mes excuses, mais on ne me les donnera pas. Même moi, je ne me pardonne pas. J’ai enlevé une vie. » Cette émotion tardive a opposé un contraste au comportement général d’un accusé qui n’avait rien fait pour paraître sympathique. Sans doute est-il touché par son geste, mais il l’a trop peu montré lorsqu’il a eu voix au chapitre.

«Ce n’était pas un crime d’amour»

Dans le grand jeu de représentation d’un procès d’assises, cet ancien légionnaire a longtemps entretenu la caricature de son passé militaire. Rigide, campé sur ses principes, Christophe, 45 ans, a joué le grand muet lorsqu’il s’est agi d’éclairer son crime. Il a parlé « d’une erreur », d’une « grosse connerie » et d’« un truc qui a peut-être tout déclenché ». Des arguments aussi peu convaincants que ses trous de mémoire suspects.
Naturellement, l’accusé en a pris pour son grade à l’heure des plaidoiries. M e Hellenbrand a brocardé son silence, cette manie de « pleurer sur son sort » et sa défense : « Ce n’était pas un crime d’amour mais celui des sept péchés capitaux, le crime de l’envie, de la jalousie, de l’orgueil et de la colère » . « Il a une personnalité extrêmement inquiétante, a poursuivi M e Strohmann. Cet homme a aussi bousillé son fils ». Une allusion à ce garçon de 7 ans qui a perdu une mère dans le drame mais gagné son lot d’angoisses. L’avocate a d’ailleurs pris l’initiative d’emmener l’enfant dans la salle, avant le procès, pour lui montrer que son père ne pourrait « faire du mal à ses grands-parents ».

La question de la préméditation ouverte

Le 24 avril 2009, Christophe a poignardé à six reprises son ex-compagne, Eve Hauza (24 ans), dans un immeuble de Champigneulles qu’ils n’habitaient plus. Une rencontre fortuite, dit-il, « mais la question de la préméditation reste ouverte, selon l’avocat général. Ce matin-là, il attendait. La rencontre était programmée. » Une thèse impossible à établir, faute d’élements, mais l’arme, un couteau de cuisine, et son emballage, retrouvé dans l’appartement abandonné, sèment le doute. Comme ces quatre minutes entre l’arrivée d’Eve et les cris parvenus aux voisins : le temps d’une dispute et d’un coup de sang, dixit l’accusé. « Il n’y a pas eu d’échange, a tranché le parquet général. Quand il la voit, il a l’intention de lui ôter la vie. »
Christelle Dumont a requis une peine de 30 ans de prison, assortis d’une période de sûreté de 18 ans. Les jurés ont réduit la sanction à 25 ans, avec obligation de soins.
Auparavant, M e Lyon avait chassé l’idée d ’un « acharnement» pour celle d’un « effondrement »: son client aurait « agi de manière strictement impulsive », anéanti par la rupture. Eve trouvait Christophe « trop vieux » et « pantouflard ». Pour l’épargner, elle lui avait toutefois garanti un accès harmonieux à la garde de son fils. Un petit garçon dont la grand-mère a attendu « deux jours avant de lui expliquer qu’Eve était montée au ciel ».
http://www.republicain-lorrain.fr/faits-divers

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