lundi 11 avril 2011

Assises de Haute-Saône : un an ferme pour trois coups de couteau mortels

En renonçant à requérir une condamnation pour « homicide volontaire » contre l’accusé, l’avocate générale a donné le ton d’un verdict qui s’annonçait emprunt de clémence au terme de 3 jours de procès. Charles Beau qui a déjà effectué 9 mois en détention provisoire est retourné quelques jours en détention seulement pour purger le solde de sa peine.
Une décision accueillie avec soulagement par toute la communauté villageoise de Vezet (70) venue soutenir l’accusé dans le calme et la sérénité.
Même dignité, plus inattendue il est vrai, du côté de la nombreuse famille de la victime. « Au moins, il pourra revoir sa fille plus rapidement » a même déclaré la mère du défunt à l’issue du verdict.
Une famille pourtant « en souffrance » depuis ce drame comme l’a évoqué vendredi matin M e Valérie Tronchet, partie civile alors que sa consœur M e Rota s’efforçait de corriger l’image négative de la victime résultant des débats. Un homme déficient mental, source de problèmes dans le village et de rejet qui s’est retrouvé « seul dans la mort ayant pour seule compagne la souffrance et la douleur dans l’agonie » avait expliqué M e Catherine Bertholde. Certes Frédéric n’était « pas un saint » pour l’avocate générale Stéphanie Perrin mais « il n’était pas non plus la personne aussi noire que l’on a décrit ou l’animal que certains souhaitaient parquer. »
Et s’il s’était bien introduit cette nuit-là par effraction dans la remise du voisin de l’accusé rien ne justifie pour elle un tel sort.
La magistrate admet manquer d’éléments pour soutenir que Charles Beau a volontairement souhaité et intentionnellement donné la mort. Mais elle fustige son comportement. Pourquoi n’est-il pas intervenu avec son chien « Pas un chihuahua mais un terre-neuve. Les débats ont montré que Frédéric avait peur des chiens et qu’un rien suffisait à le faire fuir ». Pourquoi, encore, n’a-t-il pas appelé les gendarmes ? « Il n’y avait pas urgence d’intervenir ». À l’accusé qui a toujours affirmé avoir brandi son couteau de cuisine parce que l’autre lui fonçait dessus et qu’il « se sentait agressé », elle rétorque qu’il cherchait simplement « à fuir avec l’énergie du désespoir ».
Et lorsqu’il parvient à le faire mortellement blessé, pour aller succomber dans la grange de ses parents, Charles Beau rentre chez lui, lave son couteau puis s’en débarrasse avec ses chaussures pour ne pas être identifié. Impossible pour elle qu’il n’ait pas eu conscience de la gravité des blessures « une plaie longue de 7 centimètres dans le foie, une autre fatale de 7 à 10 centimètres dans la région du cœur ».
« Je veux que vous pensiez au prix d’une vie humaine » lance Mlle Perrin aux jurés avant de requérir une peine de « 6 à 8 ans de prison pour ces coups mortels ».
Condamné à 5 ans dont 4 avec sursis, Charles Beau ne retourne donc en prison que pour quelques jours
http://www.leprogres.fr/jura/2011/04/11/assises-de-haute-saone-un-an-ferme-pour-trois-coups-de-couteau-mortels

Aucun commentaire: