mardi 5 avril 2011

Braquages L'enfance martyrisée de l'accusé à Soissons

Entre deux viols, la cour d'assises juge depuis hier une affaire de braquage à Saint-Quentin et Tergnier. Mais, rapidement, il faut se rendre à l'évidence : La souffrance est de nouveau là. Elle est nichée dans des bouts de phrase, des silences. L'enfance à Soissons de l'accusé, Ayatou Chenini, est effroyable. Ce n'est pas lui qui l'évoque mais ses deux sœurs, de belles brunes, à l'allure décidée. La cour est estomaquée. Les scènes décrites dépassent l'entendement.
Les punitions pleuvent. Il est ligoté par sa mère, enfermé dans sa chambre sans nourriture ou une nuit entière sur le balcon.
Dans le foyer de six enfants logés dans un appartement du quartier Chevreux, c'est la maman qui manie les câbles de machine à laver pour infliger des corrections. Ses sœurs sont brûlées à la cigarette sur leurs parties intimes. Au lieu de l'amour que l'on peut attendre d'une maman de six enfants, celle-ci ne s'exprime que par des accès de haine et d'humiliation. Elle entend ainsi, peut-être, se venger de sa jeunesse piétinée par son mariage à l'âge de seize ans au Maroc.
« Quand il y avait des invités, nous étions comme des chiens dans la cuisine. On attendait les restes », raconte une sœur. Le père, un bûcheron, dépassé par les événements, se retrouve jeté dehors, obligé à vivre dans sa voiture. « A partir de ce moment, j'étais perdu. Je n'ai rien trouvé d'autre à faire que de me taire, de subir et de commettre des bêtises », dit l'accusé, trop rigide pour se plaindre.
A l'école de la délinquance
Ses méfaits commencent dans l'adolescence. A l'âge de quatorze ans, il se fait renvoyer de son établissement scolaire où il introduit un pistolet à grenailles. L'arme est utilisée en sa présence pour un premier braquage dans une boulangerie. Il se retrouve placé dans un foyer à Saint-Quentin.
Pour lui, une école de la délinquance. Dans ce registre, Ayatou est un bon élève. Sa formation se poursuit en prison à l'occasion de douze condamnations. « J'étais fataliste. Je ne réfléchissais pas aux conséquences », explique celui qui affirme avoir maintenant changé. « Je n'ai jamais commencé ma vie. Je viens de la débuter en étant le père de ma fille », insiste-t-il.
Mais ses déclarations se heurtent à la douleur des victimes, les caissières et clients de six supérettes qu'il reconnaît avoir braqués avec un pistolet à gaz de 9 mm pouvant provoquer des brûlures. Une arme de poing imposante, noire et sinistre, la réplique parfaite d'une vraie qui tue.
Une employée traumatisée n'a même pas la force de venir témoigner. Elle a perdu l'enfant qu'elle portait au moment d'un braguage. Le butin s'élève globalement à la somme de six mille euros et n'a jamais été retrouvé. « Je pense qu'il a un trésor de guerre qu'il espère récupérer à l'issue de sa peine », observe un policier. Ayatou Chenini conserve-t-il des secrets ?
 
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/assises-braquages-lenfance-martyrisee-de-laccuse-a-soissons

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