Comment un différend « commercial » a-t-il pu déraper ainsi ? En gage de sa créance, la victime chipe le permis de conduire de son débiteur. Celui-ci envoie deux « amis » le récupérer. Et ça se termine en pugilat.
Au départ de cette affaire, une rondelette somme de 9 700 euros que doit un entrepreneur en bâtiment à la future victime. Sauf que l'entrepreneur, dont la maîtrise de la comptabilité n'est pas le point fort, a mis la clef sous la porte et ne peut pas payer. Lors d'une entrevue entre les deux hommes, le ton monte et, pour assurer ses arrières, le créancier chipe le permis de conduire de son débiteur, à titre de gage.
Battu devant femme et enfant
Le 24 février, il voit débarquer deux collègues de l'entrepreneur à son domicile de Bachy, dans la Pévèle. Il est en peignoir et en chaussons, mais ouvre aux deux frères qu'il connaît. Le duo vient chercher le permis, mais l'entrevue dégénère : devant sa femme et son enfant de quatre ans, la victime est rouée de coups, projetée à terre, et là encore, continue à être frappée.
L'incapacité de travail est conséquente : un mois. À la barre, la victime explique ne pas avoir encore pu reprendre le travail. « Et surtout, on vit dans la peur. Mon gosse me demande toujours, lorsqu'on rentre à la maison, si les méchants seront encore là. » Lui comme sa femme assurent que les coups ont été portés par les deux hommes. Sauf que dans le box, l'aîné, Sébastien C., 28 ans, nie formellement avoir participé à la bagarre, et son cadet, Frédéric C., 26 ans, prend tout sur lui et jure que son frère a cherché à le retenir.
Et surtout, tous deux admettent qu'ils sont venus à la demande de l'entrepreneur mais jurent qu'il était question de « venir chercher le permis gentiment ». « Vous êtes tous les deux en couple et pères de deux enfants, vous n'avez jamais été condamnés, comment avez-vous pu en arriver là ? », questionne la présidente, Cécile Dangles. Des excuses sont bredouillées dans le box.
Pour le ministère public, le procureur Olivier Dabin parle de violences « graves et gratuites ». « Même si la préméditation n'est pas retenue, et que ça a dégénéré une fois sur place, ça ressemble à une expédition punitive ! », tonne-t-il. « Sébastien s'enferre dans ses dénégations alors que son implication semble avérée, et puis, c'est à son instigation que son frère est venu avec lui, et qu'il y a eu ce dérapage extrêmement grave. » Et de réclamer la même peine pour les deux hommes : dix mois de prison avec sursis.
En défense, Me Alexia Navarro estime que « si la démarche n'était pas louable, l'intention était de procéder à l'amiable », et que « les choses se sont passées tellement vite » qu'on a pu se tromper en voyant l'aîné porter des coups.
Au final, le tribunal juge les deux frères coupables, et suit les réquisitions du procureur. Le duo devra indemniser la victime de 4 000 euros.http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/04/14/expedition-punitive-par-procuration.shtml
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