Une journée d'audience. Onze prévenus. Et de la résine de cannabis par dizaines de kilos : des dossiers jusqu'aux oreilles, le tribunal correctionnel d'Arras a jugé, vendredi, une affaire hors norme.
Saïd Seddiki, 30 ans, parle grossiste, pénurie, baisse des prix. En vrai pro du commerce... de produits stupéfiants. Il a fait prospérer sur l'Arrageois, un juteux trafic de résine de cannabis, fort d'une quarantaine de clients. Il a ainsi écoulé plusieurs dizaines de kilos de drogue par an.
Jusqu'à ce qu'il « tombe » le 16 novembre 2009, interpellé au domicile de sa compagne, place Verlaine. Entraînant avec lui son « réseau ».
Onze prévenus étaient ainsi jugés.
> Les nourrices. David et Ingrid Kwasny, 20 et 23 ans. Au décès de sa mère, en janvier 2009, Ingrid hérite d'un vrai business de famille : le rôle de nourrice, initié par son beau-père, poursuivi par sa mère. Objectif ? Planquer la came de l'ami Saïd Seddiki, au domicile familial de Boiry-Becquerelle. Bel héritage. Sans ressources, Ingrid ne gagne à jouer la nourrice rien de plus que sa consommation personnelle. Dix joints par jour à l'époque des faits. Et du speed, les jours de fête. Son frère, David, a fermé les yeux.
Ingrid témoigne : « Saïd passait déposer, tous les dix jours, 6 à 8 plaquettes de 100 g dans une marmite, au garage. » Parfois plus. Sur dix mois, les enquêteurs estiment entre 21 et 27 kg les quantités ainsi stockées chez les Kwasny.
La perquisition leur permet aussi de mettre la main sur une arme. Un 9 mm. Saïd Seddiki hoche la tête : « Quand on est dealer, vous savez, on ne sait jamais ! » Autre nourrice à la barre, Tony Morvant, copain de lycée de Saïd Seddiki. Il gardait une plaquette par mois, en consommait la moitié, revendait l'autre. Il aurait ainsi détenu près d'un kilo sur dix mois. Une bouée de secours, en cas de pépin chez les Kwasny. Quand le fournisseur a voulu lui faire jouer les gros bras, Tony Morvant a dit stop : « En septembre 2009, il est venu avec douze ou treize plaquettes d'un coup. J'ai refusé. »
> Les revendeurs. Saïd Seddiki s'appuie sur des hommes de confiance, clients fidèles avant tout. Au premier rang desquels Eddy Quenson, qui écumait le secteur de Frévent. Un vrai champion de la toxicomanie en tous genres, dont « il porte aujourd'hui les stigmates », note son avocat. « Capable, selon Seddiki, d'écouler 100 g en deux jours. » Arrêté une première fois en février 2009, l'homme sort de prison en août 2009... Pour reprendre aussitôt son petit commerce. Au total, il aurait écoulé 9 kg sur quinze mois. Et réalisé un bénéfice de 11 000 E en un an.
Viennent ensuite Marcel Chimène, qui nie avoir empoché le moindre sou expliquant « dealer pour rendre service aux copains », et Johan Blaevoet, absent à l'audience, à qui Seddiki impute « entre 9,6 à 14 kg sur un an ».
> Des têtes ? Tête de réseau assumé, Saïd Seddiki est affable. Difficile pourtant pour le tribunal de se faire une idée précise des quantités en jeu. Jessica Petit, l'ex-petite amie de Seddiki le décrit comme « un flambeur ». Qui a pu « se vanter d'avoir écoulé 70 kilos de drogue » sur les cinq mois de leur relation. Saïd Seddiki s'agite : « J'ai lu ça en cellule. Ça m'a fait marrer. C'est abuser ! » Saïd Seddiki reconnaît toutefois avoir été à la tête d'un « gros trafic ». Sa marchandise, il l'achetait à son cousin, Kamel, jusqu'à ce que celui-ci soit interpellé, en juin 2009, par la PJ de Lille, 80 kg de résine de cannabis sous le coude... Et après ? L'enquête tentera d'identifier les fournisseurs de Saïd Seddiki. Sans résultats probants.
À la barre, Saïd Seddiki joue l'honnêteté. Presque fier, somme toute, d'une « montée » dans le monde de la drogue, dont il parle comme on parlerait carrière : « J'ai commencé petit. Et puis, ça a pris de l'ampleur. » L'homme a commencé la délinquance au berceau. Il est même parvenu à faire monter la moutarde au nez du tribunal pour enfants qui le condamne, en 1995, à six mois de prison ferme.
À 16 ans. Aujourd'hui, il traîne un casier fort de vingt mentions pour violences, vols, port prohibé d'armes, etc. À 30 ans, Saïd Seddiki n'a jamais travaillé. Il a déjà passé sept ans en prison. Il y dormira six de plus.
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Arras/actualite/Secteur_Arras/2011/04/17/article_le-tribunal-decapite-l-un-des-principaux.shtml
Jusqu'à ce qu'il « tombe » le 16 novembre 2009, interpellé au domicile de sa compagne, place Verlaine. Entraînant avec lui son « réseau ».
Onze prévenus étaient ainsi jugés.
> Les nourrices. David et Ingrid Kwasny, 20 et 23 ans. Au décès de sa mère, en janvier 2009, Ingrid hérite d'un vrai business de famille : le rôle de nourrice, initié par son beau-père, poursuivi par sa mère. Objectif ? Planquer la came de l'ami Saïd Seddiki, au domicile familial de Boiry-Becquerelle. Bel héritage. Sans ressources, Ingrid ne gagne à jouer la nourrice rien de plus que sa consommation personnelle. Dix joints par jour à l'époque des faits. Et du speed, les jours de fête. Son frère, David, a fermé les yeux.
Ingrid témoigne : « Saïd passait déposer, tous les dix jours, 6 à 8 plaquettes de 100 g dans une marmite, au garage. » Parfois plus. Sur dix mois, les enquêteurs estiment entre 21 et 27 kg les quantités ainsi stockées chez les Kwasny.
La perquisition leur permet aussi de mettre la main sur une arme. Un 9 mm. Saïd Seddiki hoche la tête : « Quand on est dealer, vous savez, on ne sait jamais ! » Autre nourrice à la barre, Tony Morvant, copain de lycée de Saïd Seddiki. Il gardait une plaquette par mois, en consommait la moitié, revendait l'autre. Il aurait ainsi détenu près d'un kilo sur dix mois. Une bouée de secours, en cas de pépin chez les Kwasny. Quand le fournisseur a voulu lui faire jouer les gros bras, Tony Morvant a dit stop : « En septembre 2009, il est venu avec douze ou treize plaquettes d'un coup. J'ai refusé. »
> Les revendeurs. Saïd Seddiki s'appuie sur des hommes de confiance, clients fidèles avant tout. Au premier rang desquels Eddy Quenson, qui écumait le secteur de Frévent. Un vrai champion de la toxicomanie en tous genres, dont « il porte aujourd'hui les stigmates », note son avocat. « Capable, selon Seddiki, d'écouler 100 g en deux jours. » Arrêté une première fois en février 2009, l'homme sort de prison en août 2009... Pour reprendre aussitôt son petit commerce. Au total, il aurait écoulé 9 kg sur quinze mois. Et réalisé un bénéfice de 11 000 E en un an.
Viennent ensuite Marcel Chimène, qui nie avoir empoché le moindre sou expliquant « dealer pour rendre service aux copains », et Johan Blaevoet, absent à l'audience, à qui Seddiki impute « entre 9,6 à 14 kg sur un an ».
> Des têtes ? Tête de réseau assumé, Saïd Seddiki est affable. Difficile pourtant pour le tribunal de se faire une idée précise des quantités en jeu. Jessica Petit, l'ex-petite amie de Seddiki le décrit comme « un flambeur ». Qui a pu « se vanter d'avoir écoulé 70 kilos de drogue » sur les cinq mois de leur relation. Saïd Seddiki s'agite : « J'ai lu ça en cellule. Ça m'a fait marrer. C'est abuser ! » Saïd Seddiki reconnaît toutefois avoir été à la tête d'un « gros trafic ». Sa marchandise, il l'achetait à son cousin, Kamel, jusqu'à ce que celui-ci soit interpellé, en juin 2009, par la PJ de Lille, 80 kg de résine de cannabis sous le coude... Et après ? L'enquête tentera d'identifier les fournisseurs de Saïd Seddiki. Sans résultats probants.
À la barre, Saïd Seddiki joue l'honnêteté. Presque fier, somme toute, d'une « montée » dans le monde de la drogue, dont il parle comme on parlerait carrière : « J'ai commencé petit. Et puis, ça a pris de l'ampleur. » L'homme a commencé la délinquance au berceau. Il est même parvenu à faire monter la moutarde au nez du tribunal pour enfants qui le condamne, en 1995, à six mois de prison ferme.
À 16 ans. Aujourd'hui, il traîne un casier fort de vingt mentions pour violences, vols, port prohibé d'armes, etc. À 30 ans, Saïd Seddiki n'a jamais travaillé. Il a déjà passé sept ans en prison. Il y dormira six de plus.
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Arras/actualite/Secteur_Arras/2011/04/17/article_le-tribunal-decapite-l-un-des-principaux.shtml
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