RETHEL (Ardennes). Cour d'assises. Pour avoir tué Jonathan Sugot le 1er avril 2008, le Rémois Romain Leroy a été condamné, vendredi, trois ans jour pour jour après les faits, à 25 ans de réclusion. Son complice Cédric Lutz écope pour sa part de 18 ans.
CELA faisait un peu moins de trois heures, vendredi, que tout le monde attendait la fin du délibéré. L'instant d'avant, lorsqu'il avait été demandé aux deux accusés s'ils voulaient ajouter un dernier mot, l'audience avait vécu un nouveau moment électrique.
Après ses sanglots de la veille, le Rémois Romain Leroy avait commencé par opposer une fin de non-recevoir.
« Malgré tout ce qu'on peut penser, je demande pardon », avait ensuite bredouillé, les yeux toujours baissés, Cédric Lutz, également Rémois.
Face à lui sur le banc des parties civiles, le frère de Jonathan Sugot, ce Rethélois de 23 ans tué le 1er avril 2008, s'était redressé d'instinct de son siège, prêt à exploser. Vigilant, son père avait immédiatement réagi, barrant d'un bras le torse de son second fils.
Molotov n'a pas bronché
Depuis, dans la salle des pas perdus ou devant le tribunal, s'était, une dernière fois, organisé un manège silencieux, un partage tacite des sièges, des espaces et des cendriers. Tout le monde reprit sa place pour entendre le verdict. Dans le box des accusés, six policiers. Juste à côté, deux maîtres-chiens. « On a préféré mettre du renfort, confirme un gendarme. C'est que ce Molotov, il est costaud quand même. » Mais sur le coup, Romain Leroy n'a pas bronché. Déclaré coupable de tous les faits reprochés - l'homicide volontaire aggravé, le vol de la BMW de la victime et l'importation d'héroïne en provenance des Pays-Bas -, le Rémois de 27 ans a été condamné à 25 ans de réclusion (peine incompressible aux deux tiers), 10 ans de suivi socio-judiciaire et une injonction de soins.
Cédric Lutz, 31 ans, a écopé pour sa part de 18 ans de réclusion (peine incompressible aux deux tiers), huit ans de suivi socio-judiciaire et une injonction de soins. Il n'est toutefois pas déclaré coupable d'« homicide volontaire aggravé », passible de 30 ans de réclusion, mais de « violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner », passible de 20 ans de réclusion.
« Crime inqualifiable »
La seconde qualification avait été proposée jeudi en question subsidiaire par les avocats de la défense. Celle-ci concernait leurs deux clients. Mais les jurés ne l'ont accordé qu'à Cédric Lutz, assurément moins « bras armé » que « poisson pilote » de Romain Leroy.
Deux coupables donc, mais un seul meurtrier au sens juridique du terme. Bien que la « coaction des deux accusés » lors de cette sale soirée du 1er avril 2008 soit également avérée, la hiérarchie entre les deux Rémois n'avait cessé d'être confortée, renforcée au fur et à mesure que l'audience avançait.
« Je suis un peu surpris que les condamnés n'aient pas la même qualification pénale mais je respecte cette décision. Et surtout, je ne peux que me satisfaire que le jury ait réprimé très sévèrement ce crime inqualifiable », réagit l'avocat général.
Les avocats de la défense ont jusqu'à lundi prochain pour faire appel. Puisque les peines de leurs clients pourraient encore être aggravées ou requalifiées, prendre le risque de revenir à la charge apparaîtrait bien risqué.
Un quart d'heure plus tard, lorsque le fourgon de police transportant Romain Leroy dit Molotov sort toutes sirènes hurlantes, quelques jeunes attendent pour l'apercevoir une dernière fois.Certains ne peuvent s'empêcher de lever un majeur. L'instant d'après, la famille Sugot s'en va. Après le verdict, le père de la victime était venu nous voir : « excusez-moi de vous déranger… Dans votre article, précisez bien s'il vous plaît que Jonathan n'avait jamais eu la moindre dette de stupéfiants. Pour sa mémoire, c'est important. » Dans la dure bataille que fut ce procès, la vérité ne pouvait pas s'écrire avant que ses acteurs aient quitté la scène.http://www.lunion.presse.fr/article/marne/le-meurtrier-de-jonathan-ecope-de-25-ans-de-prison
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