mardi 5 avril 2011

Pascal Payet: "On m’a traité comme un chien"

Devant la Cour d’assises d’Aix-en-Provence, le « roi de la belle » dénonce son régime carcéral. Le directeur de la prison de Grasse admet des failles dans sa sécurité
Le directeur de la maison d‘arrêt de Grasse a admis hier, devant les assises d’Aix-en-Provence, l’existence de failles dans la sécurité de son établissement.

Près de quatre ans après l’évasion de Pascal Payet de sa cellule 913 du quartier d’isolement, Paul Botella, le directeur de la prison, s’est dit persuadé que le commando du 14 juillet 2007 avait bénéficié de précieuses informations sur les tours de garde. « Les auteurs de cette évasion spectaculaire, organisée et bien pensée, ont certainement dû avoir quelques renseignements professionnels », a dit hier celui qui dirige depuis douze ans l’établissement.

« Nous avons quelquefois du temps de retard »

Des filins avaient été posés à la suite de précédentes évasions par les airs dans d’autres établissements, en particulier après celle de Luynes en 2003 montée par Pascal Payet alors en cavale, pour libérer par amitié « quatre truffes » a encore ironisé hier le multirécidiviste surnommé depuis le « Roi de l’évasion ».

« Cela a été une grande surprise de voir la facilité avec laquelle ils ont sont rentrés dans l’établissement au moment où le personnel du service de jour avait quitté le quartier d’isolement », a expliqué Paul Botella. « On avait couvert les cours de promenade de filins anti-hélicoptère mais on n’avait pas envisagé les toitures ni même imaginé que les portes du toit que l’on réservait aux forces d’intervention pouvaient être aussi facilement sciées. Nous avons quelquefois du temps de retard », a-t-il admis.

L’Ecureuil détourné sur l’aéroport de Cannes-Mandelieu s’était posé à 18 h 40 sur le toit du local technique qui surplombe le bâtiment A. Les surveillants qui n’étaient pas armés avaient quitté le quartier d’isolement depuis 18 h 29. Les deux miradors avaient assisté à l’évasion dans leurs jumelles, d’autant plus impuissants qu’ils avaient instruction de ne pas tirer.

Pascal Payet était détenu depuis trois ans à Grasse et n’était libérable qu’en 2038. Il avait reçu une semaine plus tôt la visite au parloir de sa femme et de ses deux filles. Payet a salué hier le directeur qui à ses yeux le traitait « humainement ». « J’avais fait 45 jours de cachot, il m’avait quand même laissé un parloir libre. Son quartier d’isolement était connu car c’est le seul qui essayait d’agrémenter un système trop lourd en laissant les détenus manger ensemble le week-end ou en donnant des sorties de foot. » « Il ne m’a pas remercié de cette humanité », a souri le directeur qui le trouvait « très courtois et très correct ». Payet ne lui « posait aucun problème ».

« Je suis devenu une bête de cirque »

Reste que son régime carcéral est terrible. Depuis sa première évasion en 2001 de Luynes, Pascal Payet est classé « DPS » (détenu particulièrement surveillé) et mis à l’isolement complet.

Sa vie carcérale est rythmée par les transferts, changements de cellule et fouilles à toute heure. « Entre mai 2003 et septembre 2008, il a subi 26 changements de prisons », note la Cour européenne des droits de l’homme qui a condamné la France pour « traitement inhumain et dégradant ». « Je suis devenu une bête de cirque », a réagi hier Payet, « dès qu’il y a une visite, on veut voir Payet. On m’a traité comme un chien pour me jeter dans une impasse, bon, c’est vrai je m’y suis jeté un peu aussi mais j’attendais qu’on m’ouvre une porte. Comme l’a dit Alain (Armato, ndlr), ma peine il faut des jumelles pour en voir le bout ! »

L’administration pénitentiaire invoque toujours sa dangerosité, les risques d’évasion particuliers. D’autant que le 4 juillet 2005, une tentative par hélicoptère a échoué alors qu’il se trouvait à la prison de Villefranche-sur-Saône. A son interpellation le 21 septembre 2007 près de Barcelone, « il a pris 45 jours de mitard à Fleury-Mérogis, confiné dans 4m15 d’espace vital, 23 heures sur 24 dans l’obscurité, sans télé, ni radio, seul sans visite », a dénoncé son avocat Me Luc Febbraro. Une sénatrice en visite avait été « profondément choquée » de l’état du quartier disciplinaire de Fleury.

http://www.nicematin.com/article/faits-divers/pascal-payet-on-m%E2%80%99a-traite-comme-un-chien

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